La Figuière en héritage
Certaines d'entre vous l'attendent avec impatience. Voici donc mon commentaire sur le dernier roman de Françoise Bourdon
"la Figuière en héritage" paru aux éditions Presses de la Cité dans la collection Terre de France.
Vous savez à quel point j'apprécie ces romans qui sentent bon le terroir et qui mettent bien souvent à l'honneur des personnalités attachantes et proches de leur terre. Celui-ci ne fait pas
exception à la règle et nous mène à la rencontre de Mélanie, une jeune femme au caractère bien trempé. Et pour cause!!!
Abandonnée à sa naissance, placée dans une famille d'agriculteurs ardéchois, Mélanie vit une enfance douloureuse avant de partir pour Valréas où elle est recueillie par Sylvine, une cartonnière qui tente de lui faire oublier son passé et lui apprend son métier. Mais sa rencontre avec Alexis,
le fils d'un garancier du Vaucluse reconverti dans la production d'absinthe, va bouleverser sa vie. La "dame verte" est à cette époque en effet la boisson nationale. Dès lors la jeune femme va
consacrer toute son énergie à la distillerie, sans jamais oublier son passé d'enfant de l'Assistance. Que ce soit dans les périodes heureuses chez sa mère adoptive à Valréas au temps de l'âge d'or des cartonnages, ou au
domaine de La Figuière, Mélanie éprouve les plus grandes difficultés à profiter des instants de bonheur que lui offre la vie. Toujours, l'origine inconnue de sa naissance la hante et les
rumeurs qui ne cessent de circuler même après son mariage ne font rien pour arranger les choses. Au fil des pages, on se laisse prendre par le destin de cette femme digne héritière de
la distillerie Gauthier. Car c'est aussi l'époque où la "fée verte" connaît son apogée avant d'être interdite dans de nombreux pays (en France le 16 mars 1915) suite à une campagne des
ligues antialcooliques, des syndicats, des curés, des médecins et de la presse qui se mobilisent contre l'absinthe qui rend fou.
J'ai vraiment apprécié cette lecture pour ce qu'elle nous enseigne sur la double histoire du cartonnage et de l'absynthe (on sent une solide documentation de la part de Françoise Bourdon) mais
aussi (et surtout) pour ce destin émouvant que l'auteur nous invite à partager. C'est beau.