Kérozène
Voici un livre qui me laisse bien indécise. J'ai envie de le considérer comme un recueil de nouvelles quand lui se présente tel un roman.
Une station-service sur une aire d'autoroute, par une nuit d'été, dans les Ardennes. Il est 23h12. C'est net et précis comme chaque instant de vie des personnages présents à ce moment-là, qui se croisent sans se voir ou en se remarquant à peine et qui pourtant toutes et tous vont être associés d'une manière ou d'une autre à la mort de l'un d'entre eux.
Tout commence donc à 23h12 et se termine à ... 23h13. Une minute en tout et pour tout pour enjamber le parapet qui domine l'autoroute et sauter. C'est juste le temps qu'il faut à Monica.
Mais qui est-elle? Pourquoi un tel geste de désespoir?
C'est ce qu'Adeline Dieudonné va nous exposer dans ce recueil (décidément je n'arrive pas à l'appeler roman!) à travers cette courte présentation tant du geste de Monica que dans les rencontres successives que l'on va faire ensuite avec chaque personne, femmes, hommes, et même un cheval, mêlés à ce triste (et même banal) fait-divers.
Dire que ce recueil m'a submergée me parait encore trop léger au vu des émotions ressenties à cette lecture. C'est d'une plume sans concessions, parfois brutale, souvent ironique, drôle aussi, qu'Adeline Dieudonné dresse ces portraits. Comme dessinés à la mine de plomb, ombrés, entre gris clair et gris foncé, quand ce n'est pas carrément noir. Ou exposés comme un tableau de Pierre Soulage. Du noir et du rouge.
Aux éditions de L'Iconoclaste