Mois italien : Luna
Je poursuis mon voyage en Italie. Et en ce dimanche pluvieux, je vous propose de me suivre à Naples. Mais pas celle découverte par les yeux du commissaire Ricciardi, des Bastardi di Pizzofalcone, de Mina Settembre ou de Sara, tous nés de la plume de Maurizio de Giovanni. Non, cette fois-ci, c'est au côté de Luna que je vous invite à découvrir cette ville riche d'histoire, au singulier comme au pluriel, au caractère unique, à l'atmosphère trouble, ambiguë, à la fois joyeuse et dramatique. Tout ce que Serena Giuliano nous restitue si bien dans son troisième roman paru chez Robert Laffont.
Napolitaine, Luna a suivi sa mère à Milan quand elle était adolescente, fuyant un père qui s'est laissé emporter par quelque chose de trop lourd pour lui, une dépendance dangereuse que Luna et sa mère rejettent catégoriquement. Alors, quand la jeune femme, de 33 ans à présent, doit retourner dans la ville phare de Campanie au chevet de son père hospitalisé, c'est le coeur empli de colère et de ressentiment qu'elle s'y rend. Juste pour accomplir son "devoir" filial.
Ce que Luna ignore encore, ce sont les effets et les conséquences que ce séjour napolitain vont avoir sur elle. Car, contrairement à ce qu'elle s'est forcée de croire pendant toutes ces années, on n'oublie pas Naples, son histoire, ses décors typiques, sa mer, Pompéi, sa cuisine, sa conduite, son dialecte, sa luminosité unique. Et même sa noirceur, dramatique.
C'est déjà mon troisième rendez-vous avec l'écriture de Serena Giuliano et, encore une fois, la jeune auteure réussit à me bluffer. Je suis littéralement tombée sous le charme de ce récit entre présent et passé, riche d'amitié, d'affection, de sincérité. Entre Luna et son trio d'amies connues à Milan, mais surtout avec Gina, la cousine "soeur" que Luna avait presque reniée, et avec Filomena, la voisine dont Ciro, papà de Luna, a donné le prénom à la minette qui partage son existence féline entre leurs deux appartements. Sans oublier la signora Anna dont le mari, Pasca, occupe la même chambre d'hôpital que Ciro.
Cette lecture se goûte, se savoure, se découvre peu à peu et je n'ai pu qu'être sensible à la chaleur, aux émotions, aux hésitations, à l'espoir qu'elle insuffle au fil des pages. C'est à la fois comme un repas partagé et comme une mise à jour, un pardon attendu dont on ne peut pas savoir s'il doit venir vraiment, ni s'il viendra.
C'est surtout une authentique plongée dans cette ville capable d'offrir le plus beau comme le pire. Avec ses accents, ses couleurs, ses saveurs et son obscurité, son côté sombre, tout ce que le simple touriste ne peut deviner et qui s'incruste dans la vie des Napolitains.