L'ultima nave per Tangeri

Publié le par Martine

Le dernier bateau pour Tanger

Le dernier bateau pour Tanger

Du dépaysement, du rêve, de l'amitié, de l'aventure et de l'amour, c'est ce que nous propose l'auteur irlandais Kevin Barry dans son nouveau roman paru chez Fazi Editore « Le dernier bateau pour Tanger ».

Du dépaysement puisque l'histoire commence dans le port d'Algeciras en Espagne où vivent désormais Maurice et Charlie, deux quinquagénaires que la vie de baroudeur a fini par rapprocher avant que de les lier par une amitié solide ou presque.

Du rêve pour les descriptions que Kevin Barry nous offre comme autant de fenêtres ou de portes à ouvrir sur le monde et ses beautés exotiques.

De l'amitié, de celle rude et âpre qui relie les hommes entre eux. De cette amitié, à la vie, à la mort, de celle qui ne s'éteindra jamais, qui ne souffre aucune trahison, qui rapproche autour des mêmes galères et des grandes joies.

De l'aventure, celles que Maurice et Charlie ont vécu tantôt l'un face à l'autre, tantôt l'un avec l'autre. Dans leurs multiples expéditions, coups tordus et pérégrinations tout au long de ces dernières décennies.

Et puis de l'amour. Il en faut bien une touche pour que l'histoire prenne sens, devienne autre qu'un banal parcours de vie même traversé à deux. Et en l'occurrence, cet amour, ici, Maurice et Charlie l'ont ressenti. Tous les deux ont vibré dans les bras d'une femme. Cynthia. La seule, l'unique pour qui ils en sont venus à se battre, à se détester, à trahir cette amitié qui les liait depuis leurs 15 ans.

Et aujourd'hui, ils sont là tous les deux, à Algeciras, à attendre patiemment, vainement jusqu'à présent, l'arrivée des bateaux en provenance de Tanger, ce bateau qui leur ramènera Dilly, la fille de Cynthia et de... Mais de qui en fait quand tous deux pensent être le père de la jeune femme ?

Alors entre attente, coups de colère, vieux griefs et fausses pistes, les deux anciens trafiquants cherchent Dilly. Quitte à entreprendre le voyage pour Tanger, le dernier peut-être, celui qui les conduira vers la vérité. Même si celle-ci n'est pas forcément bonne à connaître...

Le seul reproche que j'aurais à faire à ce roman, c'est sa brièveté. A peine 250 pages. Pour moi, ce n'était pas assez. J'aurais apprécié passer un peu de temps supplémentaire avec ces deux hommes qui, malgré un passé commun de truands, de trafiquants, n'en sont pas moins très attachants, chacun à sa façon, chacun avec le regard qu'il porte sur l'autre et sur la vie. Un regard chargé de tendresse, bourru et un peu envieux, critique aussi. Sont-ils à la poursuite d'une chimère ? Ou ont-ils raison de s'obstiner ainsi quitte à se retrouver dans des situations incroyables et rocambolesques dont seul l'humour, très présent sous la plume de Kevin Barry, parvient à les sortir.

Un excellent roman dont j'espère la traduction prochaine en français.

Chronique publiée également en italien sur le site Sognare, leggi e sogno (si l'envie de me lire dans la langue de Dante vous tente!)

L'ultima nave per Tangeri
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