Le vélo rouge
Rémi grandit dans les années 1950 à Chanteuges, un petit village du Haut Allier. Là tout le monde l'apprécie et le reconnait grâce à son vélo rouge sur lequel il traverse les rues du village pour retrouver ses copains et partager de mémorables baignades dans la rivière voisine. Parmi eux se trouve Marie-Claire, la fille des boulangers, dont Rémi est secrètement amoureux. Amour qu'il lui avoue la veille de son départ à l'armée en cette année 1968. Amour qu'ils "consomment" pour la première fois, se jurant fidélité et se promettant de se marier au retour de Rémi.
Seulement, au fil de ces longs mois, l'attitude de Marie-Claire change. A chaque permission, Rémi la sent plus distante. Et ne comprend pas ce qui a bien pu se passer pour provoquer un tel revirement. Aussi le soir où elle ne le rejoint pas comme convenu à la fête foraine et que Rémi fait la connaissance de Marlène, pétillante parisienne qui semble beaucoup l'apprécier, le jeune homme se laisse séduire et entame une relation avec elle. Relation qui va les conduire au mariage. Même si Rémi garde une place secrète en son coeur au souvenir de son premier et grand amour.
Alors quand, quelques années plus tard, la route de Rémi, devenu professeur, croise à nouveau celle de Marie-Claire, tous ces souvenirs auxquels il s'efforce de ne plus penser reviennent en force. Mais Marie-Claire est-elle dans les mêmes dispositions? Et pourquoi donc s'est-elle détournée de lui alors qu'ils s'étaient engagés l'un envers l'autre? Et, dernier argument et pas des moindres, quelle place va rester à Marlène?...
Pour moi, ouvrir un roman d'Albert Ducloz est la certitude de passer un bon moment de lecture. Ce "vélo rouge" publié chez De Borée confirme brillamment cette règle. On ne peut que s'attacher à Rémi, ado insouciant, jeune homme ayant le sens du devoir, s'offrant corps et âme à sa belle histoire d'amour, homme conscient de ses engagements et de ses responsabilités, face à un choix difficile, confronté à une vérité qui fait peur. Mais un homme droit dans ses bottes et fidèle à ses convictions.
C'est un beau portrait et une belle rencontre avec Rémi que nous fait vivre Albert Ducloz ici. Le récit est très plaisant, porté par une écriture des plus agréables et surtout mené sur un rythme alerte, auquel les rebondissements successifs jouent à fond leur rôle pour maintenir notre intérêt et alternent avec des passages plus paisibles, plus doux, plus tendres comme autant de moments de répit pour se poser et s'interroger vraiment. Car, bien sûr, nous aussi, pauvres lecteurs, voulons comprendre ce qui a pu se passer lors de cette année 68 et on peut compter sur le talent d'écrivain d'Albert Ducloz pour nous offrir une explication somme toute évidente même si ce n'est pas la première qui nous vient à l'esprit!