Récit inachevé
Pour fêter leurs 50 ans d'existence, les éditions Sellerio ont demandé à leurs auteurs fétiches d'écrire une histoire inspirée par un roman publié par la maison quelques décennies plus tôt. Un premier recueil est paru juste avant l'été donnant à lire huit nouvelles originales et le second vient de paraître en cette toute fin octobre.
Comme son aîné, celui-ci comporte également huit histoires auxquelles s'ajoute celle qu'avait commencé à écrire mon cher Maestro Andrea Camilleri et qu'il n'a pas eu le temps de terminer, sa chute puis son décès le 17 juillet dernier l'en ayant empêché.
Souhaitant rendre un ultime hommage à ce grand écrivain qui, par son talent et le succès rencontré par ses romans et recueils, a fortement contribué au succès de la maison d'édition sicilienne, Sellerio a donc ajouté ce récit inachevé qui devait trouver sa place au sein de cet ouvrage collectif.
Ce recueil, bien sûr, je viens de me l'offrir dans sa version numérique et je me suis empressée de lire cette nouvelle qui revêt pour moi comme pour des milliers, ou millions, d'autres lecteurs un aspect très émouvant.
Dans cette histoire, inspirée du roman de Sergio Alzeni "Apologo del giudice bandito" (Apologie du juge bandit), Camilleri se met en scène. Obligé de se rendre à Palerme pour une affaire à régler chez son notaire, alors qu'il se trouve à la gare au départ de Rome, il est accosté par un inconnu qui lui confie un petit paquet à remettre à un autre homme lors de l'arrêt en gare de Naples. Intrigué, Camilleri s'interroge. Comment se fait-il que cet homme soit si au courant de ses faits et gestes et notamment de ce déplacement ? Comment va-t-il reconnaître l'homme à qui remettre ce paquet? Et surtout que contient ce paquet?
Comme ce récit n'est pas terminé, Sellerio nous offre en prime les deux fins qu'avait imaginé Camilleri. Dans la première, au moment où il doit remettre le paquet à son destinataire, Camilleri ne le trouve plus et ouvre la porte à d'autre interrogations. Où, quand et comment le paquet a-t-il disparu? Dans la seconde, Camilleri n'a pas pu résister à la curiosité et a ouvert le paquet. Ce qui bien sûr le met dans l'embarras au moment où il doit le donner à son destinataire qui présente une ressemblance étrange avec l'inconnu de la gare de Rome.
Comme toujours chez le Maestro, chacune de ces fins doit comporter une logique que l'on découvre seulement à la fin. Mais quelle est-elle cette fois-ci? Nous ne le saurons jamais et pouvons imaginer tout et son contraire ou simplement rester sur notre faim!...