L'homme qui n'aimait plus les chats
Nouvelle lecture pour les 68 premières et, oui je le répète, nouvel uppercut!
Ce court premier roman d'Isabelle Aupy publié aux éditions du Panseur, c'est d'abord une voix, une histoire qu'on écoute, comme un conte. D'ailleurs ses premiers mots sont "Imagine une île avec des chats."... Vous la voyez? Vous y êtes? Alors vous êtes prêt(e)s pour vous laisser emporter. Comme je l'ai été.
Sur cette île, il y a donc des chats, et aussi des chiens, des hommes, des femmes, des enfants. Bref toute une population qui vit en parfaite harmonie. Chacun, chacune à sa place, dans le rôle que son statut ou sa profession lui attribue. Certains d'entre eux possèdent un chien, qu'ils promènent régulièrement au bout de sa laisse. D'autres ont un chat. Ou plutôt vaudrait-il mieux dire que des chats logent chez d'autres qui ont peut-être aussi un chien. Auquel cas, la cohabitation peut s'avérer délicate. Parfois. Mais d'une manière générale, il fait bon vivre sur cette île. Il y règne une douce harmonie.
Jusqu'au jour où...
Je ne vous dirai rien de plus sur ce court roman d'à peine 122 pages au risque de trop en dévoiler et pour ne pas vous gâcher le plaisir de le lire à votre tour. Car c'est tout ce dont il a besoin, ce roman, d'être lu, et tout ce dont nous avons besoin, nous lecteurs, de le lire. D'écouter cette voix qui nous raconte cette histoire d'apparence idyllique et qui constitue une réelle prise de conscience, comme un coup de poing en plein coeur qui, après nous avoir coupé le souffle et quasiment empêché de respirer, nous permet d'ouvrir à nouveau les yeux sur ce qu'on était, sur ce qu'on avait avant, qu'on a cru avoir perdu et de mieux l'apprécier.
Ce petit roman, très imagé, très poétique, à la fois doux et piquant, c'est tout ça à la fois et tellement plus. C'est une interpellation. C'est cette vision qu'il fixe dans nos yeux et cette évidence qu'il nous rappelle parce qu'on aurait tendance à l'oublier pris comme nous le sommes par notre quotidien, sa gestion, tout ce que nous devons accomplir dans des journées qui nous paraissent toujours trop courtes.
Ce qu'Isabelle Aupy nous invite à faire en substance à travers ces quelques pages, c'est de vivre comme un chat. On ne possède pas un chat. Un chat est libre. Il va et vient selon son humeur, selon sa volonté tout en respectant son environnement, celui dans lequel il vit et les personnes qui l'occupent à ses côtés. Et chacun y trouve son compte. Alors ne donnons à personne la possibilité de changer cela.
J'ai lu ce roman très vite, trop vite certainement et j'ai eu envie (besoin?) d'y revenir, de relire certains passages qui à nouveau m'ont paru d'une évidence, d'une logique implacable. Comme une urgence, un cri d'alarme qui résonne encore et toujours.