Popa

Publié le par Martine

Popa

Avant de venir vous parler de l'excellente nouvelle que Louisa Kern vient de publier chez Ska éditeur numérique sous son vrai nom désormais, deux mots sur celle-ci, tout aussi excellente, Popa.

Toutes les fins de journée à la même heure, la fillette vient rendre visite à cet homme et, du haut de ses 2 ans ou un peu plus il ne sait pas trop, lui donne du "Popa", comme le faisait avant, il y a bien longtemps, Annette, au même âge.

C'est l'été. Il fait chaud. Lui est bûcheron ou menuisier, ou les deux, en tout cas il coupe du bois. La petite vit avec ses parents, un couple de jeunes marginaux, de "hippies" comme on disait dans les années 1970, qui se contente de peu au contact de la nature.

Tous les jours en fin de journée, la petite se hasarde jusqu'à son hangar, se place devant lui, le regarde de ses yeux confiants et l'interroge "Popa?" De quoi l'émouvoir, lui rappeler ce temps désormais révolu où c'était Annette qui le regardait ainsi et lui parlait de cette façon encore hésitante associée aux premiers mots des enfants. Seulement... Annette n'est plus ou, tout au moins, plus là. Et lui... 

Encore une fois j'ai été scotchée par la force de ce récit signé Louisa Kern. A partir d'une situation somme toute assez simple, voire banale, l'écrivain nous entraîne dans un puits sans fond dont on a énormément de mal à se sortir. C'est noir. très noir. Et en même temps on ressent dans ces quelques lignes toute la tendresse d'un père envers son enfant, des émotions oubliées qui remontent par la simple évocation d'un mot. En quelques pages superbement écrites, Louisa Kern nous rappelle l'importance de ce qu'on dit, à quel point des paroles banales peuvent avoir des répercutions parfaitement inattendues. 

Dans ce genre littéraire de la nouvelle, la chute est essentielle. Sur elle, repose la qualité de l'histoire. Ici, cette fois encore, la chute est magistrale.

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M
que d'émotions contenues dans ces deux syllabes, popa !
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M
Oui mais...