La chaleur
Voici typiquement le genre de romans que je n'aurais jamais lu si je ne m'étais pas engagée à le faire pour une belle aventure littéraire, à savoir celle des 68 premières fois.
Je ne serais jamais allée spontanément vers ce titre, surtout après en avoir lu la quatrième de couv qui reprend les premières lignes du roman, nous faisant ainsi entrer de plein fouet dans cette histoire prenante, angoissante même, dont on se demande tout du long ce qui va bien pouvoir "réveiller" son jeune protagoniste.
Celui-ci, c'est Léonard, 17 ans. C'est la fin août, une nuit de ces vacances d'été qui n'en finissent pas dans ce camping des Landes où il fait encore très, trop, chaud. Alors qu'il n'arrive pas à dormir, le jeune garçon sort à la recherche illusoire d'un peu de fraîcheur et tombe par hasard sur Oscar, 17 ans lui aussi. Oscar qui a trop bu ce soir-là. Oscar qui se met en danger sur la balançoire, qui s'étrangle avec la corde et meurt devant Léonard qui assiste à cette scène sans réagir, comme un simple spectateur, et qui, pour l'effacer, n'alerte personne et au contraire va creuser un trou sur la plage pour y enfouir le corps d'Oscar et ainsi supprimer toute trace de ce tragique accident.
Le lendemain, Léonard ne sait plus s'il a rêvé ou si tout ceci a réellement eu lieu. Tout ce qu'il ressent, c'est une inquiétude, une angoisse sourde qui le tient en alerte. Mais la journée se passe comme si de rien n'était. Avec sa chaleur omniprésente, accablante, assommante, qui laisse Léonard comme étranger à tout ce qui l'entoure, sauf peut-être à Luce, adolescente également en vacances dans ce camping, avec qui l'attirance semble réciproque. Au point de faire sortir Léonard de sa torpeur?...
Voici un premier roman, signé Victor Jestin pour Flammarion, que je n'aurais pas lu et qui me laisse une impression étrange au coeur. Comme un sentiment d'irréalité, de lenteur et en même temps d'attendu. Ce texte est porté par une écriture très explicite, lourde qui nous fait vraiment ressentir cette chaleur qui imprègne l'atmosphère. Ce sentiment d'oppression est encore renforcé par la courte durée à la fois du roman et de temps (à peine trois jours) et de lieu, à l'intérieur de ce camping, micro-société où il est de bon ton d'être heureux. C'est les vacances tout de même!
Bref un roman que je suis contente d'avoir lu et qui m'a donné l'occasion de découvrir une plume très prometteuse. Victor Jestin n'a que 25 ans et un bel avenir littéraire devant lui.