Et l'obscurité fut
Quand on aime, on ne compte pas. Me voici prête, en ce mercredi 8 mai, à vous parler de ce troisième opus consacré à la série des "Bastardi di Pizzofalcone" et dernier, à ce jour et à ma connaissance, traduit en français sous le titre "Et l'obscurité fut" pour le compte des éditions Fleuve Noir. Et d'obscurité et de noirceur, ce roman signé d'une main de maître par Maurizio De Giovanni n'en manque pas!
Nous ne sommes qu'en mai mais déjà la chaleur estivale imprègne l'atmosphère napolitaine et la rend lourde et suffocante. Cela n'empêche pas le commissariat de Pizzofalcone de vaquer à ses occupations notamment ce matin quand le commissaire Palma demande à l'inspecteur Giuseppe Lojacono de se rendre sur les lieux d'un cambriolage assisté de l'agent Alex Di Nardo. Sur place, tous deux sont surpris par l'aspect qu'ont laissé les cambrioleurs en ayant eu soin de ne rien froisser ou casser à l'exception peut-être de l'empressement mis à forcer le coffre de ce couple de personnes d'un certain âge qui, visiblement, se déteste royalement!
Mais voilà que ce même matin, le commissariat est appelé pour la disparition d'un enfant de 10 ans lors d'une visite scolaire au musée. Et cette fois, ce sont l'inspecteur adjoint Francesco Romano et l'agent Marco Aragona qui sont missionnés. Ce qui n'est pas vraiment du goût des soeurs qui accompagnaient la sortie de cette école privée et encore moins de la famille du jeune Dodo Cerchia, fils d'un homme d'affaire divorcé installé dans le Nord du pays et petit-fils d'une famille encore plus puissante dont le grand-père de Dodo, entrepreneur âgé et handicapé, en impose à tous, sa fille (mère de Dodo) et son nouvel amant en tête.
Lorsqu'une rançon est exigée, l'affaire prend de l'ampleur et les policiers sont bien mis à mal. Surtout que les suspects s'avèrent beaucoup plus nombreux et sournois que de prime abord. Se pourrait-il que la mère de l'enfant ait commandité ce rapt pour se venger à la fois de son père et de son ex-mari? Cet enlèvement serait-il seulement l'oeuvre de l'amant, artiste sans le sou et couvert de dettes? Ou bien encore de la fidèle secrétaire femme à tout faire du grand-père qui n'en peut plus d'être constamment rabaissée plus bas que terre?
Ce qui est sûr, c'est que l'enfant est parti de son plein gré au bras d'une jeune femme blonde rencontrée lors de la visite au musée. Ce qui est beaucoup plus troublant, c'est le lien qui se resserre au fil de l'avancée de l'enquête entre le kidnapping de Dodo et le cambriolage qui s'est produit le même jour.
Ce que j'aime chez Maurizio de Giovanni, c'est la façon unique qu'il a de nous raconter des histoires. Par petits chapitres donnant la parole à l'un ou l'autre des différents protagonistes, nous laissant bien souvent comme en apnée le temps de retrouver celui avec qui l'on était. Cette façon singulière de prêter voix aussi bien aux policiers, ces fameux bastardi, et à leurs situations personnelles, qu'aux victimes principales ou collatérales et à leurs "bourreaux".
Cette écriture possède l'art et la manière de brouiller les cartes et de nous tenir sous emprise totale, au point qu'il est très difficile de lâcher notre lecture. A cela s'ajoute aussi le fait que De Giovanni connait parfaitement sa ville de Naples, qu'il semble même en être un peu amoureux et qu'il nous séduit aussi par ses descriptions et ce magnifique regard qu'il nous fait partager.
Je compte aussi cette excellente enquête pour le challenge Thrillers et polars chez Sharon.