Sara al tramonto
Nouvelle participation au Mois du polar chez Sharon et ... quelle participation! Du rythme tout du long, du suspense jusqu'au bout, de l'émotion, de l'angoisse, des sourires, et parfois même de sains éclats de rires, c'est ce que j'ai ressenti avec ce roman de Maurizio De Giovanni "Sara al tramonto" (que l'on peut traduire par "Sara au crépuscule") paru dans la collection Nero des éditions italiennes Rizzoli et qui, j'espère, sera très vite traduit en français!
Cela fera bientôt un an que j'ai entendu parler pour la première fois de Sara Morozzi, femme aux cheveux gris, retraitée de la police, au physique de prime abord assez quelconque et anodin (ce qui lui permet de passer facilement inaperçue) et au talent ou don unique de pouvoir lire sur les lèvres à distance et ainsi suivre des conversations à l'insu de ceux qui les prononcent.
Sara, on l'a appris dans le recueil "Sbirre" et dans la nouvelle qui lui est consacré "Sara che aspetta", a tout abandonné, mari et fils, pour partager sa vie avec son grand amour, Massimiliano, policier lui aussi à présent décédé. Sara est une femme qui souffre de cette perte immense et également de celle de son fils, Giorgio, qu'elle n'a pas vu grandir et qui est mort lors d'un pseudo accident, laissant seule sa compagne, Viola, enceinte de leur enfant.
Le récit commence lorsque Sara est contactée pour enquêter discrètement sur la situation de la petite Béatrice Molfino, dont la mère Dalinda purge une peine de prison pour l'assassinat de son père, richissime homme d'affaires. En effet Dalinda pense que sa fillette, recueillie par son frère et sa belle-soeur qui ne peuvent pas avoir d'enfant, est en danger. Lequel? Elle ne peut pas vraiment le définir. Mais c'est tout un ensemble de sensations qui font que son instinct maternel est en alerte.
Pour ce faire, Sara qui se fait passer pour une représentante des services sociaux est accompagnée par l'inspecteur Davide Pardo, le même qui a conduit l'enquête sur le meurtre du vieux Molfino et qui est seul qualifié pour obtenir des parloirs avec Dalinda. La cinquantaine, divorcé, Davide est toujours en activité professionnelle et, de surcroît, doté d'un Bouvier berlinois aux actes et comportements aussi imprévisibles qu'hilarants!
A cette enquête en sourdine, se joint bientôt Viola, sa belle-fille par procuration pour qui Sara s'est pris d'affection à son coeur défendant, affection que Viola lui rend implicitement, ayant par ailleurs une relation plutôt conflictuelle avec sa propre mère. Par sa profession de photographe, Viola est à même d'apporter une aide précieuse à l'enquête malgré la présence ô combien importante de "l'Alien" qu'elle porte en son sein et dont l'arrivée sur terre est imminente.
De déductions en recoupements, de rendez-vous manqués en situations cocasses, ce trio improbable va mettre tout en oeuvre pour parvenir à sauver la petite Béatrice dont la santé décline jour après jour sans que personne ne fasse mine d'intervenir. Et chemin faisant, c'est l'enquête sur le meurtre du vieux Molfino, un homme à la double personnalité, porté aux nues par son entourage professionnel et mondain mais malsain et cruel avec ses proches qui rêvaient tous, sans exception, de le trucider. Ce meurtre à présent jugé et pour lequel Dalinda a été inculpée revêt d'un coup un aspect inattendu que, seule, cette enquête finalement risquée va révéler.
Je n'en dirai pas plu sur ce roman policier prenant et trépidant, empreint de sensibilité, à la nostalgie prégnante, et qui nous tient en haleine de la première à la toute dernière page.
De Maurizio De Giovanni, j'apprécie déjà beaucoup les personnages récurrents du commissaire Ricciardi et de l'inspecteur Lojacono. Je n'ai qu'un souhait à présent, que Sara ait une aussi belle vie que ses deux "aînés"!