La folle guerre de Victorin
Second roman jeunesse acheté dimanche dernier au salon du livre de Charols "Lire en Valdaine", celui-ci est signé Corinne Ferrand-Moulin, pour les éditions de la Calade, s'adresse à de jeunes lecteurs à partir de 11 ans et concerne également le difficile sujet de la Première Guerre mondiale en proposant une vision rarement abordée en littérature jeunesse.
La vie à la ferme ardéchoise de Marius, 9 ans, de sa mère Léonie, de sa petite soeur et de ses grands-parents a changé depuis ce triste jour d'août 1914 quand le son du tocsin a annoncé l'entrée en guerre de la France et marqué le départ de Victorin, leur père, mari et fils, pour le Front.
Déjà, lors d'une première permission, Marius a constaté un changement dans le comportement paternel. Mais lorsque ce dernier est ramené à l'hôpital de campagne, amnésique et paraissant comme fou, trois ans plus tard, le choc est brutal pour toute la famille. Malgré lui, Marius en veut à son père de revenir dans cet état, de porter des blessures qui ne se voient pas, de ne pas pouvoir être considéré comme un "héros" de guerre. Son rejet est total.
Pourtant au bout de quelques semaines, et encouragé par Léon, frère aîné de son copain Jules, revenu des combats avec la "Gueule cassée", Marius retourne voir son père. Et, petit à petit, en sa présence et celle de Léonie, Victorin va revenir à la vie. Au prix de terribles efforts, de souvenirs effrayants comme autant de flash-back et de déraisonnements, Victorin va parvenir à mettre des mots sur ses maux, à raconter cette guerre aux morts innombrables et aux blessés marqués à vie tout aussi nombreux. Mais guérit-on vraiment d'un tel traumatisme? Victorin ne le pourra pas...
Quand Corinne Ferrand-Moulin m'a parlé de ce roman dimanche dernier, j'ai de suite eu envie de le lire. Pour l'approche inédite (à mes yeux) que l'auteur propose sur ce sujet pourtant moult fois traité. Ces traumatismes psychologiques subits par les soldats qui, très souvent, n'étaient pas pris au sérieux et étaient renvoyés au combat. Et l'impact que ce symptôme post-traumatique a eu sur les familles impuissantes à réagir et à comprendre.
Conté d'une belle écriture fluide et authentique sur fond d'évocation du Premier Conflit mondial, ce récit sensible et fort, illustré par Aurore Loubersac, est complété par un cahier pédagogique signé Frédéric Sallée, professeur agrégé d'histoire, pour permettre aux jeunes lecteurs de mieux connaître et comprendre le contexte de cette guerre, injustement nommée "la Der des ders".