Le côté fragile
Pour mon rendez-vous La bonne nouvelle du lundi, j'ai lu "Il lato fragile" (le côté fragile) publiée chez Sellerio Editore, nouvelle dans laquelle on fait connaissance avec celui qui deviendra le personnage récurrent de Gaetano Savetteri : le journaliste Saverio Lamanna.
Alors qu'il vient d'être licencié pour un article rédigé contre un sous-secrétaire d'état (article qui ne révèle qu'une stricte vérité mais qui n'a pas l'heur de plaire aux politiques bien et haut placés, principaux actionnaires du journal), Saverio Lamanna trouve refuge dans la vieille maison familiale de vacances à Makari en Sicile. Là, imprégné de ses souvenirs d'enfance et de ce licenciement qu'il ne digère ni n'accepte, il peut compter sur l'aide du vieil ami de sa famille, Peppe Picionnello pour redonner un peu d'éclat à la maison et la rendre habitable tout en faisant connaissance avec Suleima, jeune et charmante étudiante qui travaille pour payer ses études d'architecture, dans l'auberge-pizzéria "Chez Marilu" où Saverio va manger chaque soir.
Ayant informé son père de son retour sur l'île, il est bientôt contacté par Don Franco, le prêtre connu dans son enfance qui lui demande de participer au colloque anti-mafia qu'il organise pendant deux jours à Palerme et dans lequel Simone Triasso, connu pour son combat contre la mafia sicilienne, interviendra.
Profitant de l'occasion pour rendre visite à son père, Saverio accepte d'autant plus facilement que le transport et l'hébergement lui sont offerts. Une aubaine pour lui qui doit à présent éviter de trop dépenser. Même si il est un peu chagrin de délaisser si vite Suleima...
Le premier jour du colloque se passe bien, Simone Triasso faisant preuve d'une grande éloquence. Mais au cours du repas qui suit, Saverio ne peut que constater l'ambiance lourde qui pèse sur les discussions, les regards fuyants ou menaçants qui s'échangent par-dessus les couverts, notamment entre Kevin, jeune homme d'une vingtaine d'année qui a servi de chauffeur à Saverio et avec qui le journaliste a sympathisé, et Triasso.
Alors quand le lendemain matin, Saverio est réveillé par les cris de la femme de ménage qui vient de découvrir le corps sans vie de Triasso criblé de coups de couteau, son instinct de journaliste se réveille et, malgré la présence de la police, il va, de son côté, mener sa petite enquête. Surtout que les soupçons se portent automatiquement sur Kevin et que, ne le supportant pas, le jeune homme se suicide laissant ainsi comme un aveu de sa culpabilité.
La vérité que va découvrir Saverio lui laissera un goût amer en bouche et dévoilera un aspect vraiment abject d'une personnalité jusqu'alors respectée., loin de la fragilité qu'elle pense détenir...
C'est toujours très agréable de faire la connaissance de nouveaux personnages récurrents qu'on aura plaisir à retrouver dans de nouvelles enquêtes-aventures. Ce Saverio Lamanna confirme cette règle. J'ai bien apprécié sa personnalité, son sens de la justice, son besoin de vérité, son humour caustique, et l'attention affection bourrue et pudique qu'il porte aux gens qu'il aime ou apprécie que ce soit son père, le souvenir de sa mère aujourd'hui disparue, Suleima, Peppe ou le malheureux Kevin.
L'histoire se lit très bien grâce à la fluidité de l'écriture de Gaetano Savaterri, renforcée encore par la beauté des paysages siciliens qu'il décrit, nous offrant ainsi un dépaysement total!
Je n'oublie pas de compter aussi cette nouvelle pour le challenge Polars et thrillers chez Sharon.