Vent de boulet
Voici un recueil que j'ai lu il y a quelques temps déjà mais qui me parait fort à propos en ce dimanche de 11 novembre commémoratif du Centenaire de la fin du Premier Conflit mondial.
Ce recueil, c'est Sylvie Dubin qui l'a écrit pour le compte des éditions Paul & Mike, une maison indépendante que j'apprécie beaucoup pour l'originalité de sa ligne éditoriale et la qualité de ses publications. Ce recueil, paru en 2016 et primé à plusieurs reprises, notamment par le Prix Boccace de la nouvelle,, confirme ce ressenti.
Treize "Récit(s) autour de la Grande Guerre" le composent. Treize histoires qui couvrent les quatre années de guerre de 1914 à 1918 (même 1920 avec l'apparition des premiers Monuments aux Morts). Treize nouvelles fictives qui s'appuient, hélas, sur des situations bien réelles, elles. Des situations qui nous font froid dans le dos, nous horrifient, nous font douter de ce qu'on est en train de lire, ne pouvant pas y croire et encore moins l'accepter. Car ce fut cela, vraiment, la Grande Guerre, celles que tous appelaient la "Der des der".
Sur le front, dans les tranchées, dans les campements militaires, dans les hôpitaux de fortune, ou à l'arrière, dans les villes et les campagnes où les femmes, par force ou par obligation, pour pallier à l'absence des hommes partis combattre, ont dû assurer un quotidien rempli d'incertitudes, de peurs et d'espoir.
Ce recueil, on ne peut pas le lire d'un coup. J'ai dû procéder par étapes. Nouvelle après nouvelle. D'abord pour me laisser le temps d'encaisser et de "digérer" ce que je lisais, puis pour respirer, reprendre mon souffle. Mais avec toujours l'envie, et la nécessité, d'aller de l'avant, de lire la suivante puisque, écrites chronologiquement, on sait qu'on avance au rythme de ces quatre années terribles et que chaque nouveau récit nous rapproche un peu plus de cette date du 11 novembre, jour où sera signé l'armistice mettant un point final à cette guerre sans nom, la première en tout cas à mobiliser à l'échelle mondiale.
Portées par une très belle écriture (et j'en remercie l'auteur Sylvie Dubin qui a su trouver à chaque fois le mot juste), ces nouvelles nous interrogent, font réfléchir et nous mettent dans une nouvelle perspective. Certaines sont dures, incroyables mais toujours accompagnées d'une pointe de dérision, et même d'humour, parfois plutôt caustique, ce qui appelle un léger sourire et apaise un peu notre lecture.
"Vent de boulet", un recueil à lire pour se poser les bonnes questions et, avec le recul, évaluer au mieux ce que nous avons conservé de cette leçon d'Histoire.