L'été retrouvé
En regardant les derniers billets de ce blog, je me rends compte avec stupeur que je ne vous ai pas parlé de cet excellent roman de Dany Rousson "L'été retrouvé" dont j'avais déjà beaucoup apprécié "L'Ensoleillée" également paru dans la belle collection des Terres de France des Presses de la Cité. Sans doute avais-je l'esprit trop accaparé par mes prochaines vacances...
Pourtant, d'emblée, j'ai été séduite par la beauté de sa couverture, ce rouge lumineux, cette enfant dont on devine à peine le visage, ces blés fauchés et cet innocent bouquet de fleurs prêt à être offert. Une couverture lumineuse, chaleureuse invitation à cette lecture qui m'a captivée tout un week-end fin juillet.
Ce roman, c'est l'histoire de Lazare, sympathique et séduisant quasi quadragénaire, célibataire qui vit, en cette fin de XXe siècle, dans un joli petit village du Gard, à Cornillon où il partage son temps entre son métier d'ébéniste et les randonnées pédestres auxquelles il s'adonne le plus souvent possible. Il a pour voisine Séraphine, pétillante jeune femme qui ne manque pas de charme, qui élève seule sa fillette, la coquine Pia, et qui, quand même, en pince un peu, voire beaucoup, pour lui.
Dans cette ambiance chaleureuse, la vie s'écoule de manière bien agréable. Jusqu'au jour où Lazare a la surprise de recevoir la visite de Gérald, son ancien ami d'enfance et de jeunesse avec qui il a tout partagé, y compris son amour pour la belle Elisa, et avec qui il s'est violemment fâché le 13 juin 1970, soit 23 ans plus tôt, quand ils avaient tous deux 16 ans. Une dispute qui a provoqué le départ du village de Gérald, comme une fuite, le besoin vital de tirer un trait sur cette époque insouciante définitivement révolue.
Or, si Gérald revient à présent, c'est parce que, depuis quelque temps, il reçoit des lettres anonymes lui rappelant avec insistance cette malheureuse journée du 13 juin 1970, date depuis laquelle Elisa a également disparu de leur environnement immédiat. Mais qu'a-t-il bien pu se passer ce jour-là pour causer cette rupture totale entre les trois jeunes gens?
C'est ce que l'écrivain Dany Rousson nous révèle peu à peu dans ce roman passionnant, qui m'a tenu en haleine de la première à la dernière page, jusqu'à cette fin saisissante et surprenante à laquelle, je l'avoue, je ne m'attendais absolument pas. Preuve du savoir-faire évident de Dany Rousson qui sait ménager son récit avec grand talent.
Car, en fait, à part Elisa, Gérald et Lazare, personne ne sait ce qui s'est passé ce 13 juin 1970. Alors si Gérald reçoit des lettres anonymes et vient s'assurer qu'il n'est pas le seul à en recevoir, ne reste plus que la jeune femme dont les deux anciens amis sont toujours sans nouvelles, pour en être l'auteur. Mais est-ce que chacun d'eux dit vraiment la vérité? Le premier pourrait simuler la réception de ces courriers chargés de menaces implicites. Et le second pourrait aussi se déclarer victime sans l'être tout à fait... Et du coup chacun des trois protagonistes, ayant quelque chose à cacher ou à vouloir maintenir secret, pourrait alors être l'auteur de ces lettres et être en même temps celui qui veut enfin faire éclater la vérité et renouer avec les deux autres.
Rien n'est jamais simple dans les relations humaines, et encore plus quand l'amour se glisse au sein d'une amitié. Dany Rousson s'amuse à nous le rappeler et le fait de bien jolie manière avec l'histoire de ce trio amis-amoureux ô combien palpitante. Sur un rythme soutenu porté par une belle écriture qui sent bon la Provence, l'été, le soleil, Dany Rousson nous offre un roman fabuleux et rempli d'espoir. Un roman dont il aurait été vraiment dommage de ne pas parler!