La maestra ribelle di Procida
Procida est à la fois une île et une commune italienne de quelque 10000 habitants située à proximité de Naples dans la région de Campanie. C'est là que vient de se dérouler le Festival Procida racconta du 6 au 10 juin derniers au cours duquel six écrivains italiens avaient pour "mission" d'écrire un texte, un "racconto", en l'occurrence un récit court ou une nouvelle, en lien avec cette île-ville et mettant en scène un personnage fictif ou réel, y ayant vécu, y vivant encore ou dont le nom est lié à l'histoire de cette île singulière.
Un recueil réunissant ces six histoires vient d'être publié par les éditions Nutrimenti, disponible pour l'instant uniquement en Italie. Parmi ces écrivains se trouvaient Franco Arminio, Valentina Farinaccio, Gad Lerner, Matteo Nucci, Rosella Postorino et Silvia Avallone dont j'ai déjà beaucoup apprécié les romans "D'acier", "Marina Bellezza" et la nouvelle "Le lynx".
Depuis la semaine dernière, et tout au long de cet été, le magazine féminin "Donna moderna" propose dans ses pages une nouvelle chaque semaine et a commencé avec celle signée par Silvia Avallone "la maestra ribelle di Procida" (la maîtresse rebelle de Procida) que je me suis empressée de lire.
Dans ce texte, Silvia Avallone nous conte l'histoire et le destin de Giovanna Lauro, professeur conférencière talentueuse qui a tout fait pour échapper à l'avenir tout tracé que lui réservait traditionnellement sa condition d'insulaire, fille d'un marin toujours absent, à qui sa mère proposait le même sort en voulant qu'à son tour la jeune femme épouse un marin et passe aussi son temps à l'attendre tout en élevant les enfants qu'il ne manquerait pas de lui faire à chacun de ses retours sur l'île.
Un destin tout tracé que Giovanna refuse de toutes ses forces, elle qui ne rêve que de terre ferme sous ses pieds, de grandes étendues et de voyages. Et une vie qu'elle se construit et s'aménage peu à peu, par ses études qu'elle va suivre à Milan puis Londres, et par les voyages que sa qualité de conférencière l'amène à effectuer à travers le monde. Jusqu'à ce qu'un curieux tour de hasard la ramène sur cette île pour y enseigner à de jeunes enfants et qu'elle se rende compte que c'est bien là, à Procida, que se trouve sa place.
Cette histoire se lit comme du p'tit lait. Dès les premières phrases, le décor est planté et la plume de Silvia Avallone nous emporte à la suite, ou plutôt au côté, de Giovanna. Avec elle, on se rebelle, on refuse ce destin d'un autre temps, on prend sa vie en mains, et on avance au prix de nombreux efforts, de certaines souffrances (dont celle, et pas des moindres, de toujours refuser d'offrir à sa mère ce qu'elle attend désespérément d'elle).
A travers ce destin, c'est toute la sensibilité de Silvia Avallone qui nous saute aux yeux et qui nous prend au coeur, qui nous met face à une évidence. Et cela, en quelques paragraphes bien construits, bien menés et s'enchaînant les uns aux autres sans temps mort, sur un rythme soutenu et prenant.
Je ne sais pas si je lirai les autres nouvelles. J'attends de voir que que "Donna moderna" va proposer cette semaine. Ce que je sais par contre, c'est que je vais m'empresser de lire "La vie parfaite" de Silvia Avallone, paru chez Liana-Lévi et qui m'attend dans ma PAL.