L'università del crimine

Publié le par Martine

L'università del crimine

Lorsque j'ai terminé la lecture de "Offshore", dernier roman de Petros Markaris traduit en français, fin mai dernier, je me suis sentie très triste, comme si j'avais revu un ami cher, avais à nouveau passé un très bon moment en sa compagnie, qu'il ait dû repartir et qu'il me faille attendre un certain temps avant de le revoir. Cet "ami", c'est le commissaire Kostas Charitos, né sous la plume de Petros Markaris, écrivain nommé meilleur représentant du genre policier méditerranéen avec Andrea Camilleri, excusez du peu!

Aussi quelle ne fut pas ma surprise (et mon bonheur) d'apprendre que son tout dernier roman, et dernière enquête de Charitos, venait de paraître en Italie aux éditions La nave di Teseo. Sans hésitation, j'ai immédiatement commandé ce roman et commencé ma lecture, avec une certaine appréhension tout  de même, allais-je autant apprécier cet écrivain grec dans sa traduction italienne?

Comme tous les ans, c'est en septembre que le commissaire Charitos et son épouse, Adriani (Adriana dans sa version italienne) partent en vacances. Et cette année, celles-ci sont placées sous le signe de la nostalgie et du souvenir puisque le couple retourne sur les lieux de sa jeunesse, là-même où ils ont grandi et se sont rencontrés!

Lors d'une étape, ils sympathisent avec trois jeunes retraitées et poursuivent leur voyage ensemble. Cette relation amicale convient bien à Adriani et, à leur retour à Athènes, ces dames décident de se revoir. Ce qui n'est pas sans déplaire à Charitos, soulagé que sa moitié ne reste pas seule, maintenant qu'il reprend le chemin de son commissariat. Surtout qu'à peine arrivé il apprend le départ en retraite de son supérieur hiérarchique, Guikas, qui sait ne plus pouvoir prétendre à une nouvelle promotion professionnelle. Et voilà que, contre toute attente, en tant que son plus ancien collaborateur, Charitos est chargé d'assurer l'intérim , le temps qu'une nomination soit faite en haut lieu.

Et pour une fois, le commissaire entend bien saisir cette chance, lui qui s'est toujours contenté d'effectuer son travail sans jamais chercher à grimper dans la hiérarchie.

Les choses se compliquent pour lui cependant lorsqu'un ministre, réputé pour sa gourmandise, est retrouvé mort, chez lui, empoisonné par une part du gâteau qu'on venait de lui livrer. Bien sûr cette délicate enquête lui revient. L'affaire se corse encore quand un deuxième ministre, connu pour sa grande indépendance et solitude, est à son tour assassiné lors de son jogging quotidien. Tout le gouvernement s'alarme et le premier ministre fait peser sur Charitos tout le poids de cette inquiétude! 

Et voilà qu'un troisième crime a lieu sur la personne d'un éminent conférencier et ex-ministre retourné à la vie universitaire après avoir laissé sa charge ministérielle. Or il se trouve justement que les deux ministres assassinés étaient, eux aussi, des conférenciers universitaires réputés avant de s'orienter vers la politique. Ce lien, ténu certes, est le seul à la disposition de Charitos et le commissaire entend bien le suivre, dût-il pour cela arpenter en long et en large les bancs de l'université et des hautes sphères politiques grecques!

Heureusement (ou pas!), chez lui, tout va bien. Sa fille Katerina vient d'annoncer au couple Charitos sa première grossesse et c'est quasiment tous les soirs que les nouvelles amies d'Adriani les invitent ou s'invitent chez le commissaire. Ce qui commence à l'agacer sérieusement! N'est-il plus désormais possible de rentrer chez soi et d'y apprécier un peu de repos après une journée de dur labeur? Sans compter qu'il doit également subir les réflexions désagréables d'Adriani qui ne supporte plus, elle aussi, que, soir après soir, ses amies n'en aient que pour le commissaire et son enquête!

Je pense que je n'ai pas besoin de vous préciser que j'ai adoré cette lecture, passionnante de bout en bout. Avec grand plaisir, dans les pas du commissaire, j'ai découvert une nouvelle région de la Grèce. J'ai suivi son évolution délicate dans le monde impitoyable de la politique et des politiciens et dans celui, très susceptible, du milieu universitaire. J'ai souri de ses commentaires attendris d'abord, agacés ensuite dans sa relation de couple. J'ai été émue à l'annonce de sa future grand-paternité. Et, par-dessus tout, j'ai salivé grandement à la lecture des recettes et des plats typiques et traditionnels grecs qui font la fierté, bien légitime, d'Adriani, cuisinière hors-pair!

Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, je suis assurée de retrouver mon ami Charitos lorsque je le voudrais puisque, avec ce roman, je m'en suis également offert d'autres, non publiés en France!

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