Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les livres (et la lecture) ont cela de merveilleux qu'ils tombent parfois à point nommé pour nous aider à garder la tête hors de l'eau et à conserver cette confiance en la vie qui nous fait défaut de temps en temps parce que "on a la tête dans le guidon" ou que "on est charrette" comme diraient mes collègues de travail.

En tous cas, ce roman de Virginie Grimaldi "Il est grand temps de rallumer les étoiles" paru chez Fayard a eu cet effet "thérapeutique" sur moi et je l'en remercie. D'ailleurs, a fortiori, avec un tel titre, comment aurait-il pu en être autrement?

Je "connais" l'auteur par sa présence sur les réseaux sociaux et Facebook en particulier mais je n'avais encore lu aucune de ses oeuvres. J'ai bien noté des avis dithyrambiques ou pour le moins très enthousiastes et, justement, cela me fait toujours plus peur qu'autre chose dans la mesure où je crains alors de ne pas partager cet élan général. Mais il n'en a rien été et heureusement!

J'ai apprécié dans ce roman la qualité d'écriture dont Virginie Grimaldi fait preuve. Le style est vif, drôle, enlevé tout en laissant la juste place aux émotions et à l'affectif. Le récit est original et captivant avec des événements qui s'enchaînent les uns aux autres spontanément ou de manière plus inattendue. Ce qui a le don de maintenir notre attention de lecteur intacte. Et de fait on tourne les pages (pas loin de 400 quand même!) les unes après les autres, sans s'en rendre compte et on se trouve assez surpris quand on arrive à la dernière. Laissant place ainsi à un ultime pincement au coeur et à un sentiment de sérénité, d'apaisement, la certitude de se dire qu'on a vécu une belle histoire et qu'elle doit à présent continuer sa route sans nous mais avec une part de nous malgré tout.Tout comme on garde en nous le souvenir d'une magnifique rencontre avec ces êtres de papier que sont Anna, Chloé et Lily et celui, tout aussi drôle et fabuleux, d'un voyage extraordinaire!...

Mais cette histoire, vous demandez-vous peut-être à ce stade de la présentation de ce roman, quelle est-elle?

Ce à quoi je répondrai qu'il s'agit avant tout de celle d'une famille monoparentale. Anna, 37 ans, élève seule et tant bien que mal ses deux filles Chloé, 17 ans, et Lily, 12 ans. Occupée plus que nécessaire par son travail, toujours à se demander comment elle va bien pouvoir arriver à joindre les deux bouts et, surtout, à rembourser les dettes qui se sont accumulées et que les huissiers lui réclament à grands coups de lettres recommandées. Les journées s'enchaînent les unes aux autres sans qu'Anna ne les voit passer. C'est une succession d'heures passées au bureau entrecoupées par de courts instants partagés avec ses filles à l'heure du petit déjeuner ou très tard, trop tard, le soir. 

Et de fait Chloé et Lily vivent cette situation de plus en plus mal. Chloé en enchaînant les histoires sans lendemains avec des garçons et allant de désillusions en désillusions. Lily en confiant à son journal intime et à son rat domestique les griefs qu'elle accumule envers sa mère, sa soeur et tous ceux qui, pense-t-elle à tort ou à raison, ne sont pas là pour elle ou s'incrustent trop dans sa vie de jeune collégienne. Alors le jour où ce fragile équilibre s'effondre, Anna n'a plus le choix. Dans l'intérêt même de ses filles. Et pour sauver ce qui peut encore l'être, elle décide de tout plaquer, tout arrêter, tout laisser là en plan, et de partir à bord d'un camping car direction... la Scandinavie! Pourquoi ? Ni Anna, et encore moins Chloé et Lily, ne le savent! Ou plutôt si, mais cela relève de leur complicité familiale et c'est la seule façon pour elles trois, vraiment, de se retrouver et de se re-connaître! Alors, c'est parti!...

Une très belle histoire à trois voix qui ne rallume pas seulement les étoiles dans les yeux de ses héroïnes...