I colpevoli sono matti
Une lecture italienne encore, n'en déplaise à certains (petit clin d'oeil amical joint!) et deuxième histoire lue dans le recueil collectif "Un anno in giallo" paru chez Sellerio, en l'occurrence celle de février signée Gaetano Savatteri "I colpevoli sono matti" (Les coupables sont fous). Lecture qui me permet aussi de participer une nouvelle fois au Mois du polar chez Sharon.
Dans cette histoire, on retrouve avec plaisir le personnage récurrent imaginé par Savatteri, Saverio Lamanna, journaliste sicilien, résidant à San Vito Lo Capo à côté de Palerme, qui aime bien mener des investigations très poussées, au nez et à la barbe de la police locale et régionale. Ce qui lui a valu un licenciement dont il a du mal à se remettre.
Pour l'instant, il profite de la présence de sa petite amie milanaise Suleima venue, entre autres, pour aider sa cousine à remettre en état l'appartement qu'elle vient d'acheter. N'étant pas très porté sur les gros travaux de maçonnerie, Lamanna se charge de faire le chauffeur de Suleima, l'emmenant partout là où elle doit se rendre pour acheter les divers matériaux dont sa cousine a besoin. C'est lors d'une de ces courses que tous les deux rencontrent un petit garçon âgé de 5 à 6 ans qui court, visiblement affolé parce qu'il s'est mis en retard pour aller à l'école. A leur proposition de l'y conduire en voiture, le garçonnet refuse arguant du fait que ses parents lui ont formellement interdit de parler et, encore plus, de suivre des inconnus dans la rue. Ce dont le couple le félicite!
Cette course n'en finit pas cependant de leur réserver des surprises et des frayeurs car une trentaine de minutes plus tard Saverio est contraint de freiner brusquement devant un homme, apparemment un sans-abri, qui traverse la rue en courant sans se soucier de la circulation, visiblement sous l'influence d'une émotion forte, comme s'il fuyait quelque chose ou quelqu'un.
Bien sûr cela n'est pas sans intriguer Saverio que Suleima "charrie" affectueusement sur sa faculté à voir des intrigues de partout! Et pourtant!...
Quelle n'est pas leur stupeur lorsqu'ils regagnent enfin l'appartement à rénover d'apprendre qu'un enfant de 6 ans, Davide, a disparu. Cet enfant, c'est justement celui qu'ils ont rencontré un peu plus tôt! Et leur surprise se transforme en chagrin quand l'annonce de la découverte du corps de Davide, au fond d'un silo à grains, est diffusée sur les ondes. Dès lors Saverio et Suleima veulent savoir ce qui s'est réellement passé. Et davantage encore quand un homme est arrêté, avouant de suite le meurtre, et que ce coupable se révèle être l'homme que Saverio a failli renverser le matin même! Dès lors le couple devient témoin oculaire et Saverio ne peut faire autrement que de reprendre sa tenue de journaliste d'investigation et de mener sa propre enquête.
C'est la deuxième fois que je lis une histoire avec Saverio Lamanna comme principal protagoniste et ce nouveau personnage me plait également assez. J'apprécie son côté plutôt désabusé, comme revenu de tout, les regrets et la peine qu'il ressent face à son inactivité professionnelle forcée. J'aime aussi l'humour et la dérision dont il se sert régulièrement pour ne pas montrer qu'il est ému, qu'il a de la peine, qu'il éprouve des sentiments, amoureux vis à vis de Suleima, affectifs envers son père, amicaux pour ses anciens collègues journalistes et ses proches. Ses propos sont teintés d'autodérision, de causticité et d'une pudeur, communes à bien des hommes, et cela le rend vraiment sympathique. On ne peut alors que le suivre dans sa démarche et son désir de comprendre, de mettre à jour la vérité. Même si cela doit aller à l'encontre de ce qui semble déjà bien définitif.
Saverio Lamanna, un personnage que je retrouverai avec grand plaisir, et son "père", Gaetano Savatteri, un auteur dont j'ai beaucoup apprécié la plume et le style. A lire à nouveau.