Una brava fimmina di casa
Alors que nous venons de vivre la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes samedi 25 novembre et que jamais on n'a autant parlé de l'égalité hommes-femmes dans nos médias, il m'a semblé pertinent de lire cette nouvelle d'Andrea Camilleri, parue dans le recueil "Gli arancini di Montalbano" chez Mondadori : "Una brava fimmina di casa" (une courageuse femme d'intérieur).
En premier lieu pour avoir l'assurance de lire une excellente nouvelle et de passer un très bon moment de lecture. Et aussi pour m'associer à la diffusion de la série "Il grido delle donne" (le cri des femmes) chaque mercredi soir sur la RAI 1 qui rediffuse en ce mois de novembre quatre épisodes des enquêtes du commissaire Montalbano dont les victimes sont des femmes, battues, violées, assassinées dans de dramatiques circonstances. La quatrième rediffusion, programmée ce mercredi 29 novembre, nous donnera à revoir "Gatto e cardollino".
Petite précision d'importance : j'ai lu cette nouvelle dans son texte original en italien, mas le recueil est paru en France sous le titre "La démission de Montalbano" si vous avez envie de la lire aussi.
Aujourd'hui, le commissaire Montalbano est invité à manger chez sa vieille amie (de par son âge) institutrice, la signora Clementina Vasile-Cozzo, qui tient à lui présenter une de ses anciennes élèves, la signora Simona Minescu qui souhaite le solliciter en tant qu'enquêteur. Si les deux femmes respectent le principe du commissaire de ne jamais parler d'affaires importantes quand il mange pour mieux apprécier ce qui se trouve dans son assiette, les langues se délient sitôt le café bu.
Contrairement à ce que son nom révèle de ses origines roumaines, la signora Minescu est bien née en Italie à Rome avant de venir vivre en Sicile suite à une mutation professionnelle de son père et d'y rester par son mariage. Son père par contre est bien né en Roumanie dont il s'est enfui pour éviter une mort certaine après la Deuxième Guerre mondiale en 1948. Or l'affaire dont la signora Minescu souhaite entretenir Montalbano concerne justement son père et le décès brutal de celui-ci à Rome où il s'était rendu avec une délégation catholique pour rencontrer le Pape, en homme pieux qu'il était.
De ses origines, de son histoire personnelle, son père n'a jamais parlé avec la signora Minescu, arguant tout au long ces années qu'il était véritablement né à son arrivée en Italie et plus encore depuis sa rencontre avec celle qu'il allait épouser, la mère de la signora Minescu décédée 10 ans plus tôt.
Petit à petit, expliquant avec force détails ses démarches pour connaitre les conditions du décès par balle tirée à bout portant sur son père, ce que les carabiniers ont classé comme un malheureux accident, la victime s'étant trouvée par hasard au mauvais endroit au mauvais moment, la signora Minescu va se révéler aux yeux du commissaire comme une fine enquêtrice, ayant trouvé la cause et les circonstances exactes de ce décès sans que Montalbano n'ait à intervenir. Ce dont il la félicite grandement!
Cette nouvelle, c'est un superbe hommage rendu aux femmes, la reconnaissance de leurs talents, de ce qu'elles n'ont rien à envier aux hommes, de leur singularité et de leur place au même niveau que les hommes. Une très belle façon de nous parler d'égalité hommes-femmes pour cette nouvelle écrite il y a environ 20 ans (le recueil est paru en Italie en 2001), de respect et d'attention.
Une nouvelle à l'image de ce que j'apprécie le plus chez Camilleri.
Et une lecture que je compte aussi pour Il Viaggio!