Le châle rouge d'Angeline
Retour de notre rendez-vous hebdomadaire régulier, ce matin, avec cette excellente nouvelle de Françoise Bourdon "Le Châle rouge d'Angeline". Cette très "Bonne nouvelle du lundi" se trouve à la suite du roman "Les Chemins de garance", dans la réédition que lui offrent les Presses de la Cité dans la collection Terres de France.
Je ne vais pas revenir sur ce roman qui se déroule dans le Comtat venaissin, dans notre belle Provence, et qui nous met en présence de Camille Vidal, jeune femme courageuse et volontaire, héritière d'un domaine qui a basé sa fortune sur la culture de la garance. Sa rencontre avec Félix sera déterminante à la fois pour sa vie personnelle et aussi pour l'orientation qu'elle va donner à la propriété familiale. Car d'une part la jeune femme va se trouver confrontée au secret qui pèse sur sa naissance, à l'opposition que les parents de Félix et sa propre famille manifestent à l'égard de leur amour mais aussi à un meurtre qui la touche au plus près. Face à cela, et je n'en dirai pas plus sur ce roman plus que passionnant dont je vous recommande vivement la lecture, Camille va consacrer sa vie à la culture de cette plante d'un rouge franc dont la teinture permettra d'obtenir la couleur unique des tenues militaires des soldats sous l'empire de Louis-Napoléon Bonaparte.
A travers l'histoire de Camille et Félix, c'est ainsi toute l'Histoire du 19e siècle que Françoise Bourdon nous invite à revivre dans cette jolie terre du Vaucluse à proximité d'Avignon.
C'est également là dans cette proprété familiale dont elle a hérité que vient se réfugier Garance, en cette année 2002. Garance, jeune femme d'une trentaine d'années, fuit Paris, sa vie trépidante, son agitation, et surtout son mari, Boris, avec qui à présent tout avenir lui semble vraiment compromis.
Accueillie par sa chère Mamée, Garance vient chercher dans cette demeure l'apaisement et le repos dont elle a tant besoin et dont elle s'est tenue éloignée volontairement pendant plus de 10 ans. C'est là qu'elle va pouvoir enfin se poser, panser ses blessures, faire le point sur sa vie, ce qu'elle en a fait jusqu'à présent et ce qu'elle veut en faire désormais. Et c'est là vraiment qu'elle va pouvoir se reconstruire, en évoquant cette aïeule lointaine, son étonnant destin, sa force de caractère et cette volonté, inébranlable, qui l'a toujours tenue face aux inéluctables coups durs et obstacles que la vie semble parfois prendre un main plaisir à dresser devant nous. Comme... ce cancer du sein que Garance a dû combattre, seule, sans le soutien essentiel de Boris, et qui l'a laissée diminuée, physiquement et encore plus moralement.
C'est aussi cette partie de cette très belle nouvelle, de ce texte empli d'espoir et d'optimisme, d'envie d'avancer, d'envie de vivre tout simplement, que je souhaite mettre en avant en ce mois d'octobre dédié à la lutte contre le cancer du sein. Pour toutes ces femmes qui souffrent au quotidien dans leur corps, dans leur coeur mais aussi dans leur âme. Pour toutes ces femmes qui se battent contre cette maladie. Pour être avec elles tout comme j'ai été au côté de Garance en lisant cette nouvelle de Françoise Bourdon.
Et au-delà encore de ce beau message d'espoir, c'est une formidable leçon de courage que nous offre l'écrivain avec ses mots simples, ses mots qui viennent du coeur, qui nous parlent et son talent évident de conteuse.