Les sentes buissonnières

Publié le par Martine

Les sentes buissonnières

Quand Mireille Pluchard m'a dit, samedi dernier, que ce roman "Les sentes buissonnières" constituait la première partie, l'enfance et la jeunesse d'Amélie, la même Amélie qui m'avait tellement émue dans "Le miroir d'Amélie", je n'ai plus eu qu'une envie, me l'offrir et repartir avec, en plus, une sympathique dédicace!

Si "Le miroir d'Amélie" est paru aux Presses de la Cité, dans la collection Terres de France, ces "Sentes buissonnières" a été publié, lui, aux éditions De Borée, collection Les Essentiels.

Amélie, c'est cette petite fille qui grandit bon an, mal an, dans cette forêt cévenole, à la fin du 19e siècle, au milieu d'une nombreuse fratrie et sous l'éducation stricte, et parfois injuste, de sa soeur aînée, Elise, et le regard confiant mais triste de son père, le garde-forestier Ruben Rouvière, depuis le décès tragique de sa chère épousee, Hermine, lors de la naissance de la petite dernière, Samuelle.

Malgré la rudesse et les difficultés inhérentes aux conditions de vie des gens de petite condition sociale, ou peut-être à cause d'elles, Amélie n'a qu'un rêve, qu'elle entretient depuis son plus jeune âge, et que son père encourage en silence : devenir institutrice. Mais, pour cela, il lui faut lutter, batailler, faire preuve d'une volonté à toutes épreuves. Au sein-même de sa famille d'abord, sous la réprobation d'Elise "la Sacrifiée", et confrontée aux difficultés financières liées à "l'incartade" de son frère aîné, Eloi. Ce qui lui vaut d'aller s'employer à l'usine de filature de Saint-Jean-du-Gard la journée tout en préparant le concours de l'Ecole Normale en suivant les cours complémentaires en candidate libre, les soirs, après avoir brillamment obtenu son Certificat d'Etudes.

Et aussi vis à vis d'elle-même et de cette mauvaise vue qu'elle aggrave en s'échinant sur ses livres et cahiers et qu'elle ne sauvera qu'au prix d'une visite en urgence chez un spécialiste et de chères lunettes rondes. 

Mais, son diplôme d'institutrice en poche et son premier poste obtenu dans le village de Larbousse, Amélie va encore et toujours devoir se battre pour se faire respecter face, à présent, aux insinuations sournoises des villageois que ses manières d'enseigner surprennent, et dérangent. Jusqu'à quand? Jusqu'à quel point? Jusqu'où? C'est ce que je vous propose de découvrir au fil des quelques 442 pages de ce roman qui se dévorent, littéralement.

Quant à moi, je reste sous le charme de cette histoire, admirative de ce parcours "du combattant", et du talent évident de conteuse de Mireille Pluchard. En ouvrant ce livre, c'est comme si l'écrivain nous faisait asseoir à côté d'elle et nous racontait le destin d'Amélie. A commencer par les parcours de ses parents, Hermine et Ruben, leur rencontre, leur union, leurs années de vie commune jalonnées des naissances de leurs enfants, sous couvert d'amour et d'affection, le drame avec la mort d'Hermine et ses conséquences sur chaque membre de la famille. Et, au milieu, Amélie, forte et rebelle, qui ne s'en laisse pas conter, qui fait face à l'adversité avec un courage et une volonté exemplaires, portée qu'elle est par l'affection qu'elle voue à son père et à sa famille, par l'affection que vont avoir pour elle aussi le maire de Larbousse et en particulier son épouse, Juliette. Et sous un autre angle, les tendres sentiments qu'elle inspire à Joseph Mazal, fils du facteur devenu instituteur lui aussi, et à Martial, ami de son frère, Eloi, et garde-forestier également, et ceux qu'elle rendra au charpentier, Guillaume Masméjean. 

"Les sentes buissonnières", c'est une histoire de racines, une histoire de petites gens qui auraient à en remontrer beaucoup aux plus grands, pour qui des mots comme confiance, honneur, sincérité ont du sens. C'est aussi une écriture belle et authentique, vraie et émouvante. Et c'est enfin une bien belle expression liée, bien sûr, à l'école buissonnière, mais pas seulement quand c'est l'institutrice du village qui les emprunte, ces "Sentes buissonnières"...

 

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