La petite Venise
Quand j'ai vu ce film mis en avant à la médiathèque du Plan, j'ai de suite été interpellée par son titre, puis par la photo de couverture et j'ai eu très envie de le découvrir.
Réalisé par Andrea Segre, il est interprété par Zhao Tao, Rade Serbedzija et Marco Paolini dans les rôles principaux. Il a été primé à "La Mostra de Venise" en 2011.
Quand Shun Li, jeune femme chinoise immigrée clandestine se tuant à la tâche dans un atelier textile de la banlieue de Rome, se voit proposer un emploi de serveuse dans une taverne située à Chioggia, dans la lagune vénitienne, elle ne peut qu'accepter, voyant là l'occasion unique de régulariser sa situation et de pouvoir enfin faire venir son fils de 8 ans. Mais les jours passent et la situation de Shun Li ne change pas et elle continue à se morfondre et à subir les piques verbales et autres insinuations scabreuses de son employeur et de la clientèle.
Or, parmi les fidèles habitués, le vieux Bepi fait figure de sage et suscite le respect pour sa facilité à s'exprimer en vers, méritant bien son surnom de "poète". Aussi le jour où il manifeste de l'intérêt pour Shun Li en prenant sa défense d'abord, puis en l'invitant pour une promenade hors de l'établissement, la surprise est générale et très vite suivie de suspicion, de ricanements et de sous-entendus grotesques. Et si Shun Li manifeste d'abord une certaine réticence et ressent de la gêne pour Bepi, peu à peu elle se met à accepter cette amitié qui s'installe entre elle et le vieil homme, dans un profond respect de l'un envers l'autre.
Mais, malgré tout, leur relation réveille la peur de l'autre, certaines rivalités entre la communauté chinoise et les habitants de Chioggia, qui veulent bien supporter cette présence étrangère à condition qu'elle reste à sa place et fasse preuve de discrétion...
Ce film m'a beaucoup émue, par son sujet et par son interprétation. Plus d'une fois, j'ai eu envie de secouer les habitants de Chioggia, de leur faire ouvrir les yeux. Certaines scènes sont surprenantes de cruauté verbale et d'animosité, de haine même. La peur de l'autre, de l'inconnu, de ce qu'il représente est exacerbé, tant d'un côté que de l'autre. On ne se mélange pas et tout va très bien. Mais si on rompt ce pacte silencieux, on ouvre la porte à tous les extrêmes.
Ce qui m'a beaucoup plu et vraiment charmée cependant, c'est toute la poésie qui abonde dans les dialogues et la beauté des paysages. La lagune de Venise est réellement magnifique. Il s'en dégage un calme, une tranquillité, une sorte de sérénité qu'on a forcément envie de partager. Sauf quand tout ceci ne devient qu'apparence et se révèle un leurre parfait pour nous laisser croire que...
"La petite Venise" un film bouleversant vu en VO italienne sous-titrée qui résonne douloureusement à mes oreilles ces jours-ci.