Scarlatto veneziano
C'est à Venise que je vous emmène aujourd'hui. Venise où se déroule, ces jours-ci, le merveilleux Carnaval, jusqu'à la fin du mois. Venise et/ou son Carnaval, que j'ai proposé en thème de lecture pour le challenge Il Viaggio ce mois-ci.
Pourtant, avec ce roman policier historique de Maria-Luisa Minarelli "Scarlatto veneziano" (qui se traduit par "écarlate vénitien" mais que je préfère lire en "Venise écarlate"!), si nous sommes bien à Venise, en 1752, il n'est pas question de Carnaval, du moins... pas encore!
Alors d'abord, deux petites précisions. La lecture de ce roman (et des deux autres qui ont suivi puisqu'il s'agit là d'une trilogie) m'a été conseillée par une "amie" du groupe "Andrea Camilleri fans" auquel je participe sur Facebook et je l'en remercie. De même cette lecture a représenté pour moi un véritable défi. Car, si je commence à être bien à l'aise avec la lecture en VO italienne et sicilienne, ici, le vocabulaire avec ses expressions typiquement vénitiennes (et introuvables dans mon dictionnaire) m'a causé quelques soucis et j'ai dû à plusieurs reprises demander de l'aide à mes "amis" Facebookiens italiens! Je les en remercie encore. Grâce à eux, j'ai pu lire cette trilogie et m'en suis vraiment régalée.
Le 23 mai 1751 à Venise, la jeune Mariana Biondini est enlevée. On la retrouve morte et violée. Une enquête est ouverte mais rien ne permet de la résoudre et ce meurtre odieux est classé sans suite. Jusqu'à ce sombre soir glacial de décembre 1752, un an et demi plus tard, lorsque le corps sans vie d'un homme est retrouvé dans une petite "calle". Les traces que cet homme, aristocrate apparemment sans histoire, porte au cou sont sans équivoques. Il a été étranglé. Mais par qui? Et pourquoi? C'est ce que va tenter de comprendre et d'expliquer Marco Pisani, haut magistrat de la Sérénissime. Surtout que très vite un deuxième aristocrate est retrouvé mort, par strangulation également. Puis un troisième. Qui peut en vouloir ainsi à ces hommes de la haute société vénitienne, au point d'attenter à leurs vies sans aucun état d'âme? La pression monte au sein de l'aristocratie et Marco Pisani se doit d'arrêter très vite cette "épidémie". Heureusement il peut compter sur l'aide et le soutien de son fidèle ami, l'avocat Daniele Zen, du gondolier ronchon Nani et de la mystérieuse et belle Chiara Renier, qui possède un certain don de voyance bien utile à certains moments au magistrat.
Outre le côté "enquête" qui se révèle assez tordu, inquiétant et donc passionnant à suivre, j'ai aimé dans ce roman les descriptions que l'auteur nous offre de Venise en cette moitié de XVIIIe siècle. C'est à un véritable voyage en effet qu'elle nous convie. Un voyage dans le temps, avec des précisions historiques très intéressantes. Un voyage dans des mondes un peu obscurs et occultes qui renforcent l'atmosphère trouble et lourde du roman (et de Venise). Et bien sûr un voyage à Venise sur les pas de ce sympathique Marco Pisani.
Car il a un sacré caractère, le haut magistrat. A la fois doux, rêveur, avec un côté assez idéaliste et un peu étourdi. Et en même temps doté d'un esprit vif et scrupuleux, très minutieux, raisonnant avec une logique imparable qui s'oppose en tous points aux interprétations que lui propose l'intrigante Chiara. Interprétations qui vont lui ouvrir les portes d'un au-delà bien troublant et qui vont s'avérer cependant bien utiles dans la résolution de l'enquête.
J'ai découvert, avec cette lecture, une belle écriture, précise (un peu trop parfois), concise et restituant à merveille cette atmosphère trouble, visiblement liée à la Sérénissime puisque déjà éprouvée dans d'autres lectures ayant pour site Venise.
Je n'en dirai pas plus sur ce roman qui m'a vraiment beaucoup plu et a renforcé en moi l'envie d'aller à Venise, un jour. Ne serait-ce que pour marcher sur les traces de la belle Chiara!...
Cette lecture me permet également de participer au challenge vénitien chez Florence et au mois du polar chez Sharon.