Non e stagione
Première lecture commune, LC, proposée pour le challenge italien Il Viaggio en partenariat avec celui de Florence "Leggere in italiano", ce roman "Non e stagione" d'Antonio Manzini, paru chez Sellerio Editore, me permet à la fois de retrouver avec grand plaisir le vice-questeur Rocco Schiavone et de prendre également part au challenge Thrillers et polars chez Sharon.
Cela fait maintenant pratiquement neuf mois que le vice-questeur Rocco Schiavone a été muté et vit dans le Val d'Aoste et il n'arrive toujours pas à s'habituer à ce nouvel environnement. Et même si l'hiver est à présent terminé et que le printemps fait son possible pour s'installer, le temps instable, le froid persistant, les petites chutes de neige inattendues contribuent d'autant à sa mauvaise humeur quasi quotidienne, ses agents Deruta et D'Intino en subissent les conséquences régulièrement. Mais il n'y a pas que ça. Rocco s'ennuie dans cette ville où il ne se passe jamais rien et n'en finit pas de regretter sa capitale, Rome, et sa bande d'amis fidèles avec qui il reste en contact autant qu'il le peut. Et puis il y a aussi ces remords, ces pensées qui le tourmentent sans cesse sur la mort de son épouse tendrement chérie, Marina. La culpabilité qui le ronge un peu plus chaque jour ajoute encore à son mal-être et à sa colère rentrée.
Aussi quand un banal accident de la route le met en présence du couple Berghet, richissimes industriels de la région valdostienne qui cachent la disparition de leur fille Chiara, brillante étudiante appréciée de tous, le vice-questeur se lance dans cette enquête mi-maugréant, mi-inquiété par ce sentiment d'angoisse diffuse qu'il ressent dès lors, comme une urgence. Assisté par ses fidèles jeunes inspecteurs Italo et Caterina qui semblent toujours filer le parfait amour, ce qui a le don d'irriter davantage Rocco, le vice-questeur découvre assez vite que la famille du fiancé de Chiara semble impliquée dans ce qui s'avère être l'enlèvement de la jeune étudiante. Dès lors une course contre la montre démarre. Rocco doit à tout prix retrouver la jeune femme, en danger de mort imminent et, en parallèle, affronter ses vieux démons et les signes concrets ou plus hypothétiques qu'ils lui envoient.
Tout cela bien sûr au prix de secrets de famille, non-dits, esprits de vengeance qui vont confronter Rocco à bien pire que ce qu'il aurait (et que nous aurions) pu imaginer...
Vous dire quelle fut ma joie de retrouver Rocco Schiovone dans cette nouvelle enquête, lue en italien, me semble un peu inutile. En deux romans "Piste noire" et "Froid comme la mort" parus tous deux chez Denoël dans leur traduction française, je suis devenue une inconditionnelle de ce commissaire bougon, aux méthodes pas toujours très orthodoxes, un dur au coeur tendre qui cache au fond de lui une dramatique blessure secrète. La lecture de nouvelles dans lesquelles son "créateur" l'auteur Antonio Manzini le met à nouveau en scène et le fait d'avoir regardé la série inspirée de ses enquêtes sur la Rai Due à l'automne dernier me confortent dans ce sentiment. J'aime Rocco Schiavone!
Ici j'ai particulièrement apprécié cette oppression, l'angoisse latente, qui pèse sur le vice-questeur, l'empêchant parfois de raisonner clairement et de voir ce qui, à nous lecteurs, nous semble couler de source. J'ai aimé aussi la montée en puissance de Caterina dans la vie du commissariat et le déroulement de l'enquête, la sensibilité évidente que Rocco s'efforce de cacher sous des allures bourrues (notamment lorsqu'il recueille la petite chienne Lupa), les difficultés créées par leur travail d'enquêteurs et leur histoire d'amour entre Caterina et Italo, et puis aussi l'arrivée dans l'équipe du jeune Antonio Scipione, en qui Rocco a de suite toute confiance, sans oublier les inénarrables agents Deruta et D'Intino qui apportent la dose d'humour bienvenue au sein de cette dramatique histoire.
Roman acheté à la librairie italienne La Lucciola Vagabonda et reçu pour Noël.