Mio padre

Publié le par Martine

Mio padre

Témoignage de Rossana Campo paru en Italie en 2015 sous le titre "Dove troverete un altro padre come il mio" (Où trouver un autre père comme le mien) et publié en ce mois de janvier 2017 chez Calmann-Lévy pour sa traduction française de Anaïs Bouteille-Bokobsa.

Quand Renato, le père de l'auteur, décède à l'âge de 80 ans, après avoir subi plusieurs interventions chirurgicales, en lien notamment avec son alcoolisme avéré, c'est presque un soulagement pour Rossana Campo. Mais cet état dure très peu et il est presque aussitôt remplacé par une lourde tristesse. Comment peut-on vivre sans père? se demande-t-elle. Et surtout, comment va-t-elle vivre, elle, désormais sans son père? 

Par petites touches, en laissant venir ses émotions à elle, en restant attentive, à l'écoute de ce qu'elle éprouve, Rossana Campo commence alors un récit intime et intimiste, oscillant entre la joie, les rires, la peine et les larmes pour évoquer ce père fantasque, volage mais n'aimant qu'une seule femme, Concetta son épouse, traumatisé à vie par la perte de son emploi de carabinier et "noyant" tout au long de son existence cette douleur diffuse dans les vapeurs de l'alcool au risque d'y perdre sa santé et de faire subir à sa chère épouse les conséquences brutales des effets de toutes ces boissons ingurgitées.

De par sa situation de fille d'Italiens du Sud montés dans le Nord pour fuir la misère et travailler, la petite Rossana s'est toujours sentie à part, à côté de ses camarades de classe mais pas avec. Le fait d'être très tôt attirée par l'écriture, d'en faire son métier ensuite, la conforte dans ce sentiment d'être différente des autres. Et en cela, son père l'a toujours encouragée, la valorisant sans cesse, lui attribuant une place unique malgré ses hospitalisations diverses, ses crises d'éthylisme, la confortant dans ce qu'elle est et ce qu'elle fait.

Déroulant le fil de ses souvenirs à travers des conversations, des évocations de scènes familiales, Rossana Campo dévoile la vie de sa famille aux lecteurs en toute pudeur, avec son franc-parler mais sans aucun voyeurisme ou sentimentalisme exagéré. Au contraire, ce texte, ce récit se lit comme un témoignage émouvant, un message d'amour et d'affection infinis d'une fille à son père. Une reconnaissance pour tout ce qu'il lui a enseigné, tout ce qu'elle a appris de lui et à ses côtés. Et un immense merci pour cette confiance absolue qu'il lui a toujours témoignée. Même quand elle pensait l'avoir perdu, il était là. Et même maintenant qu'il n'est plus, il reste là. 

Ce texte oscille entre humour et sourires, et boule dans la gorge et larmes qui montent aux yeux. Par son authenticité. Par sa sincérité. Et je reste tout à fait d'accord avec le grand Umberto Eco qui a dit de cet ouvrage, Prix Strega du meilleur roman 2016, que c'est "Un livre étonnant, qui émeut autant qu'il fait rire."

Bien évidemment je compte cette lecture pour le challenge italien Il Viaggio.

Mio padre
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B
Comme je l'avais noté, et bien je l'ai lu ! Enfin, il me reste quelques pages à lire. Il est vraiment bien cet ouvrage que j'avais envie de lire suite à ta chronique. Est-ce que je pourrais le faire participer au mois italien ou est-ce trop tard ?<br /> Il a été sélectionné par l'Actu Littéraire - Grand livre du Mois.<br /> Douce soirée Martine.<br /> Gros bisous.<br /> Bernadette.
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M
Bien sûr que tu peux en parler sur Le mois italien! C'est même recommandé! Tu sais, on y parle de toutes nos lectures italiennes, lues en français ou en italien! Il n'y a pas de dates limites!!! Merci Bernadette! J'ai hâte de lire ton avis maintenant. Gros bisous
B
Comme il doit être bien cet ouvrage ! Je te remercie Martine pour cette excellente chronique. Je note.<br /> Je t'embrasse très très très fort.<br /> Bernadette.
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M
Il est vraiment très beau, oui! Je pense que tu l'aimerais aussi, chère Bernadette! Gros bisous et merci