Topiopi
Pour terminer le mois italien, Eimelle nous invite sur les îles, Sardaigne et Sicile, aujourd'hui. Difficile, pour moi, de choisir. La Sicile, bien sûr, me tend les bras et, telle une sirène, m'appelle inlassablement. La Sardaigne, aussi, retient toute mon attention et a su me captiver à moult reprises. Alors qui, de l'une ou de l'autre, retenir?...
Par chance, Eimelle a tranché. Et, comme ce mois italien, se termine demain, elle a finalement décidé de consacrer deux jours, un pour chacune, à ces belles îles italiennes. Et moi, pour rester dans le rang, je fais pareil. Et ce sera donc Sicile aujourd'hui, Sardaigne demain.
Qui, pour représenter la Sicile, convient mieux que notre Maestro, "il Sommo" Andrea Camilleri?
Personne, à mes yeux.
Mais nulle envie, ce dimanche, de vous entretenir d'une énième enquête de mon cher commissaire Montalbano. Ni de vous parler d'un roman, autre, ou d'un recueil de nouvelles que le grand auteur sicilien aurait pu commettre, lui qui, du haut de ses 91 ans, affiche le beau palmarès de 100 ouvrages publiés en Italie (et même un petit peu plus à présent).
Non, pour clore le mois italien sur le thème de la Sicile, c'est un album de littérature jeunesse signé Andrea Camilleri pour le texte et Giulia Orecchia pour les illustrations que j'ai envie de vous présenter.
Cette histoire, parue chez Mondadori, s'adresse aux jeunes lecteurs à partir de 7-8 ans et évoque un souvenir d'enfance de l'auteur, sous son diminutif de "Néné" (le même Néné d'ailleurs que l'auteur met en scène, notamment lors de son adolescence, dans certains romans comme "La pension Eva" ou recueils de nouvelles tels que "I racconti di Nene").
Ici, donc, Néné est un jeune garçon qui passe ses vacances dans la ferme de ses grands-parents. Un vrai bonheur pour l'enfant qui vit ainsi au côté des lapins, des chèvres, des animaux de la basse-cour et, en particulier, parmi les poules. Aussi, c'est avec un ravissement certain que Néné assiste à la naissance d'une couvée de poussins. Emerveillé, le garçonnet n'a de cesse d'aller voir le plus souvent possible cette couvée et demeure très surpris quand il découvre un poussin, tenu à l'écart de la couvée, plus petit, plus frêle et bientôt plus rien du tout si personne n'intervient. Suppliant sa grand-mère, sa "Nonna", Néné obtient alors la permission de s'occuper de ce petit poussin laissé pour compte, qu'il appelle "Piopi". Grâce aux soins attentifs qu'il lui apporte, Piopi reprend force et vigueur. Mais la ferme est aussi lieu de bien des dangers et l'affection qui unit Piopi à Néné pourrait s'avérer dramatique le jour où le jeune garçon délaisse un moment son protégé pour aller aider son grand-père à décharger l'âne...
Avec ce ton qui lui est unique, avec ce charisme qui est le sien, Andrea Camilleri livre un texte de toute beauté aux jeunes lecteurs. Dès les premiers mots, on se laisse prendre à ce récit, à cette évocation. Pas besoin d' "il était une fois" pour se laisser captiver. Le style, l'emphase d'Andrea Camilleri y suffisent. La tendresse affleure. La réalité s'impose, la brutalité même se glisse dans les mots de l'auteur. Mais ce n'est pas grave. Parce que, par des sous-entendus, par des jeux de mots habiles, par son humour omniprésent, Camilleri fait bien comprendre aux jeunes lecteurs qu'il y a prescription. Cette histoire date d'il y a bien longtemps. Et puis, a-t-on jamais vu un homme être ami avec un poulet?...