Le choix de Diane
Parfois il arrive qu'on ait simplement envie d'une lecture détente, d'une lecture plaisir. Et quand celle-ci s'accompagne d'un récit dense, passionnant, bouleversant, cette lecture devient bonheur et c'est ... merveilleux!
C'est ce qui s'est produit avec ce roman de Mireille Pluchard "Le choix de Diane" que je viens de lire en deux jours à peine tellement il m'a captivée. Publié dans la collection des Terres de France des Presses de la Cité, ce roman s'attache à nous conter la courte vie de Diane de Joannis, Mademoiselle de Châteaublanc, entre 1635 et 1667.
Alors qu'elle sent sa mort imminente, la belle Diane de Joannis, Marquise de Ganges, décide de consigner pour ses enfants Alexandre et Marie-Espirite, ce que fut sa vie depuis sa naissance jusqu'à cette année de ses 32 ans, non pas pour se justifier mais simplement pour qu'ils gardent en mémoire la femme qu'elle a été, avec ses forces et ses faiblesses, et surtout la mère aimante et attentionnée qu'elle fut pour eux.
Sur son enfance d'orpheline de père, sa mère se retirant dès lors dans un couvent, élevée par son grand-père Melchior de Joannis dans son beau domaine de Roussan, à proximité d'Avignon, Diane passe assez vite, débutant véritablement son récit à partir de son mariage, à l'âge de 13 ans, avec le marquis Dominique de Castellane, veuf, de dix-huit ans de plus qu'elle. Avec cet homme complètement imbu de lui-même, la jeune fille deviendra femme par devoir, mais connaîtra surtout les fastes de la cour de Louis XIV, Roi Soleil, et des salons du Marais où sévit, entre autres, la marquise Marie de Sévigné, qui deviendra son amie.
Veuve à 22 ans, la belle et richissime Diane rencontre alors le baron Charles de Ganges, dont elle tombe amoureuse et qu'elle épouse en secondes noces, contre l'avis de son grand-père. Une décision et une alliance en dessous de son rang qu'elle assume, qui la comble de bonheur, cet amour lui semblant partagé, et qu'elle regrettera amèrement par la suite malgré la naissance de ses enfants.
En effet, installée désormais dans la propriété de Ganges en terres cévenoles auprès de sa nouvelle famille, Diane est très vite confrontée à la méchanceté fourbe de sa belle-mère et surtout à l'envie et l'âpreté au gain qu'elle suscite auprès de ses deux beaux-frères, abbé et chevalier. De fait, ceux-ci ne vont avoir de cesse de harceler la jeune femme, de la menacer et d'attenter à sa vie, avec le soutien évident de son époux, jusqu'à ce choix final (et fatal) qu'ils vont lui imposer de mourir par le fer, le feu ou le poison.
Est-ce parce qu'il est écrit à la première personne du singulier que ce roman m'a pris dans ses filets dès ses premières pages? Sans doute cela y est-il pour beaucoup. Car, dès lors, c'est la voix de Diane qui nous parle. C'est elle qui se confie, en toute sincérité, à ses enfants certes mais surtout à nous lecteurs, immédiatement sous le charme des anecdotes, des repères historiques, du langage employé, des coutumes en cours au XVIIe siècle et tombées en désuétude depuis bien longtemps.
A travers ce récit foisonnant, trépidant, rempli de rebondissements, de retournements de situations, de joies, de fêtes, mais aussi de drames, de chagrins et de douleur, c'est tout un pan de notre Histoire de France que Mireille Pluchard nous dévoile, ajoutant à cette découverte la beauté des paysages cévenoles et de ses habitants.
Une écriture apprêtée, parfaitement adaptée au récit, des caractères bien trempés, un suspense bien entretenu (jusqu'au bout on espère que le complot fomenté par Charles de Ganges et ses frères n'aboutira pas) font de ce roman, un petit bijou littéraire qui m'a comblée et qui me donne vraiment très envie de lire à nouveau Mireille Pluchard.