Baby-sittor

Publié le par Martine

Baby-sittor

Jusqu'à aujourd'hui, Nine, 10 ans 1/2, a vécu dans une atmosphère familiale hyper-protectrice. C'est simple, depuis qu'elle est née, tout ce qu'elle fait est contrôlé, pesé, mesuré. Tout ce qu'elle demande est refusé d'emblée au prétexte que c'est dangereux. 

Jusqu'à présent, Anne-Gaëlle, la mère de Nine, a cessé toute activité professionnelle pour s'occuper au mieux de sa fille, être présente, répondre à tout ce que la fillette est à même de vouloir ou de faire et, parfois même, avant que celle-ci n'y ait seulement pensé.

Pourtant cette atmosphère feutrée, ouatée pourrait bien se restreindre, un peu, un tout petit peu, le jour où Anne-Gaëlle se voit proposer de mettre ses talents de costumière de théâtre au service d'un nouveau spectacle et donc de se remettre au travail. Ce qui n'est pas sans la mettre dans tous ses états. Notamment d'inquiétude et d'angoisse pour Nine! L'embauche d'un ou d'une baby-sitter s'impose de toute urgence car Anne-Gaëlle doit commencer son nouveau travail le lundi suivant.

Le réseau familial et amical fonctionne tant bien que mal et c'est Anil qui est recruté, jeune étudiant aux Beaux-Arts, Indien par sa naissance, des projets de voyage plein la tête, pas très expérimenté avec les enfants et surtout doté d'une moto, tellement personnalisée, qu'il l'a surnommée "Queen of England" en référence à la venue en Inde de la reine d'Angleterre lorsqu'il était enfant.

Cette nouvelle présence dans la vie de Nine va-t-elle changer ses conditions de vie? Pas sûr! Et encore moins quand, de sortie au parc voisin, la fillette n'hésite pas à se jeter à l'eau pour sauver d'une noyade certaine le petit frère de celle qu'elle a longtemps considérée comme sa meilleure amie. Le manque de surveillance, flagrant aux yeux d'Anne-Gaëlle, pourrait alors bien coûter sa place à Anil. Heureusement, cependant, le père de Nine a aussi son mot à dire et des explications à fournir... 

Ce roman, paru dans la collection "En voiture, Simone" des éditions Thierry-Magnier, c'est Isabelle Renaud qui l'a écrit pour des jeunes lecteurs à partir de 8 ans. 

Avec sa plume alerte et sensible, Isabelle Renaud pointe du doigt un phénomène grave et assez souvent ignoré : quand les parents craignent tout et son contraire pour leurs enfants, sentiment ici encore renforcé par la mort accidentelle du frère aîné de Nine avant sa naissance. Ce poids qui pèse alors sur les jeunes épaules, inconsciemment le plus souvent, constitue une véritable entrave à la liberté de l'enfant, un isolement qu'il a bien du mal à expliquer aux autres, toutes ces personnes (enseignants, camarades de classe...) avec lesquelles il est amené à cohabiter certains jours, pendant quelques heures, et qui ne comprennent pas les refus constants, la non-participation aux activités communes, les interdictions parentales qui interviennent et s'ajoutent au reste.

Ce thème d'entrave à la liberté, et d'autres comme ceux des relations familiales parents-enfants, la confiance en soi et dans les autres, les voyages scolaires et leur préparation en classe, les projets et les rêves qui aident à vivre, Isabelle Renaud les traite avec un humour et une franchise remarquables. Malgré la tension qu'on sent peser sur Nine, l'attention qui lui est portée à son corps défendant, on sourit, on rit même, on devient complice et on dédramatise. 

Un texte lumineux, une écriture tonique et dynamique, à l'image des couleurs de la couverture, c'est ce qu'offre ce "Baby-sittor" aux jeunes lecteurs pour leur permettre de dire aussi certaines situations, et aux adultes pour mettre des mots sur ce manque de confiance et en parler, expliquer, ou du moins commencer...

Un premier roman jeunesse très réussi!

Petit cadeau en prime : le marque page aux couleurs du roman à découper en deuxième de couv'!

 

 

Publié dans lectures jeunesse

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M
Bonne idée pour tous ! bon dimanche Martine !
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M
Tout à fait! Merci Manika! Bonne journée!