Aux petits mots les grands remèdes

Publié le par Martine

Nous voici arrivés au terme du mois italien proposé par Eimelle. Et pour le terminer en beauté, j'ai décidé de vous parler de ce roman de Michaël Uras, paru chez Préludes. D'une part, parce que l'auteur est d'origine sarde par son père (et qu'Eimelle nous a proposé les îles italiennes de Sardaigne et Sicile pour clore son mois italien), et d'autre part parce que, bien que se déroulant en France, l'Italie est aussi présente dans ces presque 400 pages! 

C'est une bien étrange profession qu'Alexandre, Alex, a choisi d'exercer. Passionné par les livres, il aurait pu être libraire, ou bibliothécaire. Cela lui aurait parfaitement convenu car Alex connait parfaitement ses classiques aussi bien que la littérature contemporaine. Mais non! Alex est bibliothérapeute. C'est à dire qu'il soigne les gens en leur prescrivant des lectures! Une bien étrange profession qui n'a pas l'heur de plaire à son entourage et qui lui vaut bien des aventures et ... mésaventures! 

D'abord, il y a Mélanie, la jeune femme qu'il aime, la femme de sa vie, qui l'aime (aussi, encore) mais qui vient de le quitter car comment envisager un avenir commun avec quelqu'un qui passe tout son temps dans les livres et vit par les livres? Une rupture qu'Alex doit gérer en s'appuyant sur les livres encore?

Puis il y a ses parents aussi, dont les comportements et attitudes sont aussi curieuses et étranges que les siennes (si ce n'est plus...)

N'oublions pas, bien sûr, ses patients, celles et ceux qui viennent le consulter, et parmi eux on retiendra Anthony, footballeur adulé qui éprouve d'autres passions que celle pour le ballon rond mais ne sait pas le reconnaître; Robert, overbooké, la tête (et le reste) accaparé par son travail, faisant preuve d'un cynisme à la limite de l'acceptable, surtout vis à vis de son épouse; et encore Yann, timide adolescent, réservé, craintif, qui a bien du mal à trouver sa place dans notre société où il faut toujours être bien vu, se faire bien voir et paraître (a minima) le meilleur.

A tous ces personnages, que la vie a malmenés et malmène encore, Alex conseille des lectures, des oeuvres complètes, des romans, des essais, ou seulement quelques extraits pour voir, avant d'aller dans un traitement plus complet. Cela peut sembler simpliste, prête à sourire. Et d'ailleurs l'ironie, l'humour qui accompagne ce récit, les mots de Michaël Uras renforcent ce ressenti. On est alors tenté de se dire que, finalement, on a, chez soi, tous les remèdes qu'il faut pour aller bien. Et pourtant...

Alex lui-même en fait l'expérience. Difficile en effet de se remettre d'une rupture sentimentale en puisant certes un réconfort dans certaines lectures, un apaisement provisoire (nécessaire et bienvenu) mais qui reste passager. Difficile alors de vivre cette rupture, de "s'automédicamenter" par les livres en en voyant les limites et de continuer d'exercer cette profession de bibliothérapeute quand on commence à douter tout en restant convaincu du bien-fondé de cette thérapie.

Grande lectrice, passionnée de littérature, ce roman ne pouvait que m'attirer et me plaire. Et de fait, j'ai passé un excellent moment en compagnie d'Alex. Curieuse de sa profession, souriant, riant de son exercice, m'émouvant de ses déboires et de ses difficultés, entrant pleinement en empathie avec lui dans ses épreuves et m'interrogeant, tout comme lui, sur la réalité de ces soins. 

Alors, oui, la lecture aide, soulage, apaise. Par ces rencontres qu'elle nous fait vivre. Par ces voyages qu'elle nous fait faire. Par ces pays, ces destins, ces époques qu'elle nous fait découvrir. Mais est-ce qu'elle soigne vraiment? Est-ce que les livres peuvent guérir? 

La réponse, la tentative de réponse qu'apporte Michaël Uras est bien sentie, portée par une belle écriture, un humour parfaitement dosé et un suspense captivant.

Une très belle lecture que ces "petits mots..."

 

Aux petits mots les grands remèdes
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