Vivre près des tilleuls

Publié le par Martine

Vivre près des tilleuls

Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'aventure des 68 premières fois se révèle pleinement magnifique avec la sélection de premiers romans qu'elle nous propose pour cette rentrée littéraire. La qualité est telle qu'à chaque nouvelle lecture je me dis que c'est la meilleure, la plus belle éprouvée, et puis la suivante arrive et le même ressenti s'annonce. Fait confirmé cette dernière semaine où j'ai pu lire deux 68 à cinq-six jours d'intervalles et où mon cœur de lectrice a battu deux fois aussi fort, pas pour les mêmes raisons certes, mais aussi fort, oui, vraiment!

La première fois, c'est l'avant-dernier week-end avec ce "Vivre près des tilleuls", premier roman signé par un collectif littéraire suisse, l'AJAR, auquel dix-huit jeunes auteurs ont pris part pour nous offrir cette oeuvre originale, sensible, poignante et bouleversante, éditée par Flammarion.

Un avant-propos de Vincent König, dépositaire des archives Esther Montandon, nous présente ce beau projet d'écriture comme un "recueil d'impressions" sur les dizaines de pages écrites par l'écrivain suisse après le décès accidentel de sa fille, Louise, en 1960 à l'âge de 3 ans. Des pages confidentielles écrites comme "un journal de deuil" dans lequel Esther Montandon confie sa vie après cette perte innommable, ses émotions, sur sa relation avec sa fille depuis la naissance de Louise et après sa disparition. Des pages ô combien intimes, dans lesquelles l'écrivain se livre complètement, au jour le jour, sans les dater et sans idée de publication bien sûr.

A partir de ces pages confiées aux jeunes auteurs de l'AJAR, est né ce livre, ce recueil d'émotions livrées lors de 63 textes courts, certains très courts même, à vif, où chaque mot compte, prend toute son importance, son sens et nous fait vibrer, et ressentir nous aussi en une profonde empathie.

Il n'y a pas de mélo dans ces textes. Seulement une voix, unique, une seule, celle d'Esther Montandon, qu'on se surprend à vouloir serrer dans ses bras, en silence, sans un mot puisque ceux-ci sont dits, posés, écrits, ou à qui on voudrait tendre la main en unisson, en continu, pour associer le geste au mot.

Cette lecture faite après "Nuit de Septembre" d'Angélique Villeneuve démontre encore, si besoin, la puissance des mots, la force de l'écrit et de ce fil ténu qui nous retient, ce filet de vie qui nous force à continuer alors que tout nous pousse à renoncer.

Je n'ajouterai rien d'autre à ce retour de lecture si ce n'est que j'aimerais bien connaitre les noms de ces jeunes auteurs car leur talent d'écriture est là, indéniable, et que j'aurai très certainement grand bonheur à les lire à nouveau.

Vivre près des tilleuls
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