Désorientale

Publié le par Martine

Désorientale

Voici un premier roman qui ne pouvait que m'émouvoir et je remercie à nouveau notre Insatiable Charlotte, Nicole et Églantine de m'avoir donné l'occasion de le lire car, sans les 68 premières fois, je suis sûre à 200 % que, jamais je n'aurai soulevé la couverture de ce livre et c’eût été vraiment dommage.

Avec une telle introduction, vous vous doutez bien que j'ai vraiment aimé cette histoire qui, pour l'instant mais je n'en ai lu que trois, constitue mon premier coup de cœur de cette nouvelle sélection de rentrée.

"Désorientale" de Negar Djavadi, paru aux éditions Liana Lévi, c'est l'histoire de Kimiâ Sadr, jeune Iranienne devenue ingénieur du son à force de volonté, de travail et d'abnégation. Alors qu'elle se trouve dans une salle d'attente de l'hôpital Cochin où elle va subir une insémination artificielle, la jeune femme se surprend à penser à ce que pourrait être cette attente, ce moment précis, si elle le vivait en Iran, ce pays qu'elle a quitté, avec sa famille, il y a déjà de si nombreuses années, alors qu'elle n'était encore qu'une enfant d'une dizaine d'années.

"Désorientale", c'est le récit en parallèle de la vie actuelle de Kimiâ avec ses espoirs, ses attentes, son présent et de tous ces souvenirs qui affluent comme autant d'anecdotes, de situations, d'événements qui nous touchent, nous bouleversent et nous font toucher du doigt le drame d'un pays, de ses habitants, ceux qui ont dû fuir pour sauver leur vie et les autres, ceux qui sont restés, à qui l'on pense, et dont on ne sait plus rien, ou trop peu, ou trop tard.

La famille de Kimiâ fait partie de ceux qui sont partis, qui ont quitté leur pays, parce que le père de la fillette, Darius, entré en politique, s'est d'abord opposé au Shah, puis, à l'ayatollah Khomeiny. Fuir, se cacher, faire profil bas devient alors un nouveau mode de vie pour chacun des membres de la famille. Mais, en même temps, l'envie, le besoin, essentiel; de garder la tête haute, de pouvoir toujours se regarder dans une glace, en face, de s'affirmer par ses succès d'études, ne quitte pas la jeune fille qui grandit, devient une femme, à la fois indépendante et fortement accrochée à ses racines, ses origines chevillées au corps.

J'ai aimé ce roman pour cette ambiance, cette atmosphère, trouble et troublante, ce récit vrai, authentique et sincère. On ne peut qu'adhérer à ce texte dont chaque mot, chaque phrase nous prend et nous retient. On a envie d'accompagner l'enfant, de partager avec elle ces années terribles et pourtant rendues si belles par la présence de deux femmes, la mère de Kimiâ d'abord, et surtout sa grand-mère, unique, et vibrante représentation de la sagesse et de ce qui fût, ce passé, ce pays qui fait partie entière de la jeune femme.

Et en plus, ce texte nous fait entrer en parfaite empathie avec la Kimiâ d'aujourd'hui, celle qui, à son tour, veut devenir mère, donner la vie pour fonder sa propre famille et en même temps, s'inscrire définitivement dans son histoire familiale, en être, elle aussi, un nouveau maillon.

"Désorientale", c'est, pour moi, l'histoire de toutes ces femmes que j'accueille en cours de FLE, ce récit c'est le leur, celui qu'elles me confient par petites bribes, cette douleur, cette absence, cet espoir et ces petits bonheurs que l'on partage comme autant d'encouragements et d'apaisement. Une vraie lecture, sensible et magnifique.

Désorientale
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E
il fait partie de ceux que j'ai très hâte de lire!
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M
Et tu vas l'apprécier! J'en suis convaincue!!! Merci Eimelle