Celui-là est mon frère
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Je continue avec bonheur de participer à la folle aventure littéraire initiée par Charlotte avec le renfort de Nicole et Églantine : les 68 premières fois et je viens de lire, avec toujours autant de plaisir, le premier roman de Marie Barthelet "Celui-là est mon frère" paru en cette Rentrée littéraire de septembre chez Buchet-Chastel.
Que se passe-t-il quand deux frères, séparés depuis 10 ans, depuis que l'aîné a pris la fuite après avoir assassiné un policier, se retrouvent? Que se passe-t-il quand le cadet, qui voue une admiration sans bornes depuis sa plus tendre enfance à ce frère aîné, est devenu chef d'état par voie de succession, qu'il se retrouve donc au pouvoir et détient toute capacité à juger les actes de son frère? Et que se passe-t-il enfin lorsque, en sa qualité d'aîné, on se trouve désormais du côté de l'opposition au régime établi par son jeune frère? Quelle place reste-t-il pour les liens du sang? de la fratrie? pour les souvenirs d'enfance?
C'est à toutes ces questions et une multitude d'autres sous-jacentes que l'auteur nous invite à réfléchir, à répondre peut-être, en tous les cas à s'interroger, à s'attacher aussi.
Ce roman possède une tonalité singulière par le fait qu'il est intemporel. L'histoire semble se situer à notre époque contemporaine et en même temps nous confronte à des situations, des lieux qui n'ont plus cours aujourd'hui, qui nous surprennent, nous font hérisser le poil ou nous agacent et qui nous troublent par leur apparition, leur présence impromptue dans le déroulement de notre lecture. Passé et présent mélangés, s'imbriquant naturellement l'un avec l'autre, l'un dans l'autre. Comme si cela allait de soi.
Ce roman est aussi une voix, qui nous parle, qui nous questionne, celle du jeune frère, celle de celui qui gouverne, qui a "le pouvoir". Mais le pouvoir de quoi? ou le pouvoir quoi quand on n'a pas vraiment souhaité ce pouvoir?
J'ai eu l'impression par moments de lire une tragédie grecque, ou une pièce de Racine. Les mêmes ingrédients, les mêmes événements, les mêmes questionnements, les mêmes raisonnements, et même la même fatalité. Car on sent bien au fond, on sait qu'il va y avoir un choix, une décision à prendre, dut-elle aller à contre-courant de l'affection viscérale et fraternelle. Mais quelle sera-t-elle?
Ce roman, c'est enfin beaucoup d'émotions partagées, éprouvées, portées par cette écriture particulière qui nous envoûte, qui nous retient, qui nous attache. Impossible de refermer ce livre une fois commencé. Mais n'est-ce pas à cela aussi qu'on reconnait un bon roman?