Moro-sphinx

Publié le par Martine

Moro-sphinx

Au risque de me répéter encore et encore, l'aventure dingue des 68 premières fois me fait lire des romans, des premiers romans, que je n'aurais jamais lus sans cela, c'est une évidence. Mais, en plus, cette formidable aventure littéraire me fait découvrir des lectures chocs, des lectures incroyables, des lectures inouïes et je ne remercierai jamais assez notre Insatiable Charlotte pour cette merveilleuse initiative, ni ses supers complices Nicole et Églantine, qui, à elles trois, rendent tout cela possible!

Comme vous vous en doutez sûrement, ce premier roman de Julie Estève "Moro-sphinx", paru chez Stock, est de ces bouleversantes lectures.

Tout commence sur un crime commis sur un homme à coups de couteaux de cuisine en céramique. Pas banal comme entrée en matière. Surtout que ce roman n'entre pas dans le genre policier ou thrillers. Alors qu'en est-il exactement? Julie Estève ne nous fait pas languir trop longtemps et nous met de suite en présence de Lola, jeune femme, parisienne, la trentaine, célibataire, indépendante, qui sait ce qu'elle veut et comment elle peut l'avoir. Une jeune femme qui n'a pas froid aux yeux, qui, par bien des côtés, se montre plutôt froide, voire même glaciale, dont le tempérament et la personnalité nous fait froid dans le dos et nous donne des sueurs froides. Tout ça fait beaucoup de froid, n'est-ce pas? Et pourtant...

Lola accumule les rencontres masculines. Son plaisir ne se trouve pas dans l'acte charnel mais dans la quête, la conquête. C'est une chasseuse d'hommes. A l'image de ces chasseurs de Pokemon comme on en voit un peu partout cet été, il lui faut les attraper tous, les hommes. Comme si il lui en fallait toujours plus. Comme si son cœur, son corps était un puis sans fond qu'il fallait remplir sans cesse. Comme si elle avait un manque à combler. Comme si elle était en manque...

Et c'est là que se trouve toute la subtilité de ce roman, toute sa qualité littéraire. Car, à coups de non-dits, de sous-entendus, de silences et finalement de mots dits (maudits?!!!), c'est ce que nous montre et nous fait comprendre l'auteur. Ce vide sidéral que ressent Lola, on l'éprouve aussi. Sauf que nous, lecteurs, comprenons que, malgré tout ce qu'elle entreprend, cette chasse brutale, sauvage, meurtrière, Lola se perd. Elle n'en a pas conscience, ou fait comme si elle ne s'en rendait pas compte. Mais le lecteur, oui. Et en cela Lola nous bouleverse fortement. Car on voudrait l'aider, c'est clair. On voudrait lui dire, lui montrer qu'elle fait fausse route, que sa quête toujours insatisfaite ne peut que devenir fatale. Mais on reste là, témoin impuissant, lecteur attentif et pris au charme des mots de Julie Estève. Comme envoûtés, nous aussi.

Une magnifique écriture, un récit haletant, un texte bouleversant, "Moro-sphinx" c'est ça et tellement plus...

Moro-sphinx
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E
un livre qui secoue!
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M
Tout à fait! :-)