Le cas Annunziato

Publié le par Martine

Le cas Annunziato

Fabrizio Annunziato est un jeune homme, Italien, trentenaire, traducteur vivant à Florence, qui aime bien plaisanter et dont la blague préférée est d'enfermer ses amis ou connaissances dans les endroits les plus saugrenus qui soient. Si jusqu'à présent ses "victimes" ont accepté cette façon de faire de plus ou moins bon gré, il n'en est pas tout à fait de même pour la gardienne du musée national San Marco qui, prenant à son compte cette même facétie, enferme le jeune homme dans une des cellules de la partie Moyen-âge du palais Beato. Cela pour quelques heures seulement, histoire de donner à réfléchir sur ses actes à Fabrizio.

Présenté comme ça, ce premier roman de Yan Gauchard paru aux éditions de Minuit pourrait paraître bien plaisant certes, mais plutôt léger. Mais, car bien sûr il y a un "mais", l'auteur ne s'en tient pas là. En effet ce qui ne devait être qu'un juste retour des choses et une leçon à retenir va prendre une toute autre tournure lorsque la gardienne du musée apprend le décès de son père et se met en arrêt de travail et lorsque, en plus, une grève inattendue contre la politique du président Berlusconi se déclenche. Et les quelques heures que Fabrizio auraient du passer enfermé se transforment alors en une dizaine de jours, le jeune homme ne devant son salut qu'à l'attention que lui manifeste la jeune femme aperçue dans la maison face a musée, à qui Fabrizio a pu signaler son triste sort et qui, tant bien que mal, parvient à lui faire passer quelques fruits pour se nourrir.

Il y a de la légèreté dans ce roman. Il y a de l'humour. Il y a aussi du sérieux, de la réflexion et de la richesse. Richesse des œuvres d'art et de leur connaissance qui se présentent au lecteur au fur et à mesure que Fabrizio s'en imprègne dans sa "prison" haute en culture et art. Richesse des émotions partagées tout au long des quelque 120 pages de ce récit, passant du rire aux larmes, nous nouant la gorge et nous rassurant, nous apaisant tour à tour. Richesse du style, du rythme et de l'écriture dont fait preuve l'auteur, Yan Gauchard, sans jamais faiblir, en restant toujours fidèle à Fabrizio, à sa personnalité et en révélant subrepticement l'évolution qui va s'imposer naturellement, quasiment à son insu mais bel et bien présente.

Car, bien sûr et heureusement, Fabrizio va être libéré (non sans quelque nouvelle méprise d'ailleurs!) Mais cette confrontation avec lui-même qu'il vient de vivre, cette traduction qu'il avait avec lui et à laquelle, malgré tout le temps dont il disposait, il a à peine touché lui font voir le monde et sa vie différemment. Forcément. Insidieusement, il a changé, grandi. Et la porte qui s'ouvre enfin devant Fabrizio, cette nouvelle voie qui se dessine pourrait le surprendre autant qu'elle nous surprend, nous les lecteurs.

Une excellente lecture encore que ce premier roman très prometteur que je partage pour le Défi Premier roman de Daniel.

Le cas Annunziato
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E
j'en garde globalement un bon souvenir!
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M
Moi aussi :-)