Treize

Publié le par Martine

Treize

Ne surtout pas se fier à la page de couverture de ce premier roman d'Aurore Bègue "Treize", paru chez Rue Fromentin. L'insouscience qui s'en dégage n'est qu'un leurre pour nous inviter à l'été, la mer, les vacances. Même si...

Comme tous les ans à la même période de l'année, Alice, jeune femme de presque 30 ans, va se recueillir sur une tombe et se souvient. De quoi? De qui?

Arrêt sur image. Retour quelques années en arrière.

C'est l'été, les vacances. Cette année encore, Alice, 13 ans, sa sœur aînée Marie, 16 ans, et leurs parents louent une maison en bord de mer et partagent gaiement leur temps entre les baignades, les heures passées au soleil, le farniente. Enfin... gaiement... façon de parler! Car, cet été, les tensions entre Alice et Marie sont fortes. Autant Alice admire cette grande sœur, belle, coquette, aux longs cheveux blonds, charmeuse avec les garçons, autant elle l'agace, a du mal à supporter ses manières. Et d'autant plus que leur père se complaît dans son rôle de parent de ces belles jeunes filles, l'esprit occupé cependant par son travail qu'il n'arrive pas à mettre de côté le temps de ces vacances, et que leur mère, fragile psychologiquement, alterne les sautes d'humeur, tantôt vive et euphorique, tantôt sombre et négative.

Mal dans sa peau, Alice n'en peut plus de "regarder" évoluer Marie. Partagée entre l'envie et l'admiration, elle rêve de retrouver la complicité qui les unissait il y a peu de temps encore et, en même temps, voudrait que Marie se pose, cesse ces simagrées, ces faux-semblants qui la blesse, elle, Alice, et dans lesquels elle ne reconnait plus sa sœur.

Cette transition, mêlée à l'indifférence qu'elle pense susciter chez ses proches, Alice ne les supporte plus. Alors quand Paul, ami de son père, rejoint la famille pour quelques jours, c'est comme une bouffée d'air frais qui entre dans le foyer. Et quand, en plus, il lui manifeste quelque intérêt, c'est le bonheur pour Alice. Sauf qu'il en manifeste aussi pour Marie et que celle-ci n'hésite pas à faire valoir son statut de "grande". A ses risques et périls?...

J'ai lu ce roman d'une traite entre hier soir et cet après-midi, l'esprit totalement retenu par cette tension que fait grimper, peu à peu, Aurore Bègue. Avec art et une maîtrise parfaite.

Bien sûr dès le début on sait que quelqu'un est mort. Mais qui? Et pourquoi? Et comment? Le suspense est rondement mené et si des doutes s'insinuent au fur et à mesure de cette lecture, la surprise finale s'avère totale!

J'ai aimé dans ce roman l'analyse psychologique de chaque protagoniste, des caractères bien définis et pourtant gardant toujours leur part de mystère. La période charnière que constitue l'adolescence, plus enfant, pas encore adulte, est particulièrement bien ressentie chez Alice mais aussi chez Marie. Le besoin d'être reconnue, à sa place, pour ce qu'elle est, est aussi valorisé chez Alice. On éprouve sa fragilité en même temps que la force qu'on devine, latente, en son fort intérieur.

J'ai apprécié surtout dans ce roman l'écriture d'Aurore Bègue, sa façon particulière de nous faire faire la connaissance de ses personnages, de nous faire entrer dans leur maison de vacances, de nous impliquer dans leurs existences, somme toutes normales, ordinaires et qui vont devenir, par le drame qui se joue, extra-ordinaires.

J'ai reçu ce roman, dans le cadre des 68 premières fois organisées par Charlotte, Nicole et Églantine, de la part de Muriel qui y a apposé un joli cœur rose annoté "Coup de cœur"! Et je la rejoins complètement. J'espère que Violaine à qui je vais l'adresser demain partagera aussi cet avis enthousiaste!!!

Treize
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S
Un roman qui me tente beaucoup.
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M
Alors n'hésite pas! :-)
B
Qu'il doit être bien en effet ! Merci encore pour ton excellente chronique Martine ! Je note.<br /> Je te souhaite une douce soirée et je t'embrasse très fort.<br /> Bernadette.
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M
Merci Bernadette! Ton enthousiasme me fait vraiment chaud au coeur!!! Merci infiniment! Je t'embrasse bien fort