Les grandes et les petites choses

Publié le par Martine

Les grandes et les petites choses

Rattrapée par les 68 premières fois, j'enchaîne les belles lectures depuis deux jours. La première concerne ce premier roman de Rachel Khan "Les grandes et les petites choses", qui me laisse un grand sentiment d'empathie. Le second, dans un tout autre genre, est celui d'Aurore Bègue "Treize" que je vais terminer tantôt et dont je vous parlerai ensuite car, lui aussi, me trouble profondément.

Comment grandir? Comment forger sa personnalité? Comment devenir véritablement soi lorsque, comme Nina, on est noire de peau et de confession juive, un double état qui conférerait presque au handicap si on n'y prend pas garde! C'est à cette situation que se trouve soudain confrontée la jeune fille de 18 ans. Bien dans sa vie, protégée à la fois par l'amour que se portent et que lui portent ses parents, par l'affection immense dont l'entoure son grand-père polonais qui lui fait partager ses convictions religieuses en l'emmenant avec lui à la synagogue semaine après semaine, par sa jeunesse, sa fougue, par sa beauté, par son goût prononcé pour le sport en général et l'athlétisme en particulier, il suffit d'un rien, d'un regard, d'une attitude, d'une réflexion, d'un commentaire pour que ce bel équilibre vacille et que Nina commence à s'interroger sur qui elle est vraiment? Et, surtout, comment, à partir de là, réaliser ses rêves? Son rêve?

Ecrit à la première personne du singulier, ce roman ressemble à s'y méprendre à une autobiographie. Ce que l'auteur concède plus ou moins dans son interview publiée sur le site Lecteurs.com. C'est peut-être (et même sûrement) pour cette raison que je me suis sentie de suite en harmonie avec ce récit, avec, presque, ces "confidences". Cette lecture m'a fait ressentir une profonde sincérité. Comme si l'auteur avait décidé de ne rien nous cacher, de se livrer totalement, mais avec beaucoup de pudeur et de réserve.

Cette histoire, on peut la croire (comme je le fais), ou pas. Ce qui m'a émue, le passé de la mère de Nina, étroitement lié à l'Histoire et à la Shoah perpétrée pendant la Deuxième Guerre mondiale, peut aussi gêner. Mais cette histoire fait partie de la jeune femme en devenir qu'est Nina et elle en a besoin pour faire la part des choses, de ces "grandes et petites choses" qu'elle doit affronter, relever et qu'elle classe selon leur degré d'intensité et d'importance.

Car, vraiment, ce n'est pas facile de ne rentrer dans aucune case prédéterminée par notre société actuelle. La différence dérange. Nina ne peut se forger complètement ni au cœur de la communauté africaine, ni au sein de l'Histoire juive. Elle doit alors trouver seule sa place avec ce passé familial, ses désirs et envies personnels, son goût du sport et de la compétition. Et la route est bien sinueuse, parsemée d'embûches que la jeune femme doit apprendre à gérer et à faire avec... ou pas, selon leur taille. Toujours.

"Les grandes et les petites choses", paru chez Anne-Carrière, premier roman de Rachel Khan. Une formidable leçon à se laisser conter, rien que pour nous. En toute simplicité et sincérité.

Merci Charlotte, Nicole et Églantine pour cette heureuse découverte.

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