Le commissaire Bordelli
Juste avant de vous "abandonner" lâchement pendant quelques jours, c'est avec "le commissaire Bordelli" que je vous propose de faire connaissance. Un nouveau personnage récurrent que, me fiant à ce premier opus, je vais avoir plaisir à retrouver sous la plume bien intentionnée de Marco Vichi, dans la traduction française de Nathalie Bauer pour les éditions Philippe Rey/Noir mais aussi dans leur version originale italienne puisque les aventures de ce commissaire bourru, affichant de fortes ressemblances avec notre Maigret national, paraissent déjà depuis quelques années de l'autre côté des Alpes.
Été 1963 à Florence. Il fait chaud, très chaud, mais le commissaire Bordelli, la cinquantaine affirmée, préfère encore rester dans la chaleur écrasante qui plombe la cité florentine plutôt que de profiter de vacances estivales bien méritées. C'est donc tout naturellement lui qui est chargé de se rendre dans la maison de la richissime Signora Pedretti-Strassen suite à l'appel affolé de sa gouvernante au commissariat, inquiète de ce que la vieille dame ne réponde pas à son appel téléphonique du soir quotidien. Et de fait, quand le commissaire arrive sur place, la Signora gît inanimée sur son lit, semblant avoir succombé à une forte crise d'asthme. Semblant seulement car, dans la chambre, Bordelli remarque certains détails qui lui font douter d'une mort naturelle et, notamment, un flacon de médicament contre l'asthme soigneusement rebouché et tombé de la main de la défunte. Comment celle-ci, une fois décédée, aurait-elle pu refermer ce flacon?
Le doute sur l'origine du décès n'est plus permis quand l'autopsie révèle que la Signora Pedretti n'a pas absorbé ses gouttes médicamenteuses et que, de plus, sa mort a été occasionnée par l'inhalation d'une senteur tropicale introuvable en Italie et dangereuse pour les asthmatiques! L'enquête est ouverte. Et malgré des soupçons immédiats portés sur les neveux de la victime, avides d'hériter, le commissaire Bordelli se doit de mener ses investigations sans rien omettre.
Et voilà! Encore un commissaire qui me plait bien! Encore un commissaire italien! Encore un auteur dont je vais suivre toutes les publications! Même si j'ai un grief à avancer avant d'exposer tous mes arguments en faveur de ce roman : nulle part, malgré une lecture des plus attentives, il n'est fait mention du prénom du commissaire. Il intervient toujours en qualité de commissaire Bordelli, de commissaire, ou de Bordelli. A croire qu'il n'a pas de prénom! Et ça, j'avoue que ça me gêne un peu...
Ce "défaut" mis à part, j'aime cependant le caractère bien trempé de Bordelli, sa faconde, son goût pour la vie et ses petits plaisirs, en particulier pour la bonne nourriture et ses grandes tablées, la générosité et l'empathie dont il sait faire preuve envers les personnes qu'il apprécie, sa nostalgie qui le submerge aux moments les plus inopportuns, sa "bonhomie", les ressemblances détectées avec notre commissaire Maigret mais aussi avec mon cher Montalbano. Bordelli est un bon commissaire dans tous les sens du terme. Efficace, consciencieux persévérant. Mais cela ne l'empêche pas toutefois de se laisser distraire par le physique troublant d'un témoin féminin (ce qui le ramène illico presto à quelque savoureux souvenir) ou d'abuser de son pouvoir quand il le juge nécessaire pour les besoins de son enquête!
Dans ce roman, j'ai aimé également les descriptions de Florence et de ses alentours, les personnages secondaires, qu'ils soient du côté de la police, ou pas, membres de l'équipe du commissaire, témoins proches, ou seulement proches de Bordelli. J'ai aimé aussi les évocations liées à la Seconde Guerre mondiale à laquelle a participé Bordelli et, surtout, le fait que ce commissaire roule en Coccinelle! Ce qui n'est pas sans m'évoquer les films de la célèbre voiture justicière!
Cette belle découverte, cet excellent roman, je l'inscris comme première participation au challenge Polars et Thrillers de Sharon et, bien que complètement hors thème pour le coup, au challenge Il Viaggio d'Eimelle!