L'âme à l'épaule
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Double participation avec ce roman de Piergiorgio Di Cara "L'âme à l'épaule" paru chez Métailié Noir en 2004. Une première pour ma Coupe d'Europe des livres avec Cajou et une nouvelle pour le thème d'Il Viaggio d'Eimelle, ce mois-ci : la Sicile.
Et de Sicile, il est fortement question. Et en particulier de Palerme où officie l'inspecteur Salvo Riccobono, responsable apprécié d'une équipe de douze hommes, et estimé par ses supérieurs hiérarchiques directs. C'est dans la rue où résident ses parents et son jeune frère à qui il rend visite ce jour-là qu'a lieu l'explosion à la bombe, cause de la mort d'un fameux juge, réputé pour sa lutte antimafia, de plusieurs de ses hommes et de nombreux habitants ou passants qui ont eu la mauvaise idée de se trouver dans la rue à ce moment-là. Outre ces morts, cet attentat a aussi causé de nombreuses blessures, certaines très graves, et de nombreux dégâts matériels. Par chance, ce jour-là, les parents et le frère de l'inspecteur Riccobono étaient sortis après le repas familial. Une sortie à laquelle Salvo, fatigué, n'avait pas souhaité se joindre. Ce qui lui vaut de se retrouver au milieu de la rue, en slip, son arme en main pour tenter vainement d'attraper un ou des responsables. Ce qui lui vaut également, par la suite, de nombreux cauchemars car il a vu l'un d'eux et sent à présent une menace diffuse peser sur lui.
Très vite, l'enquête s'oriente sur la mafia et plus précisément sur un dénommé Sauro, bien connu de la police et actuellement en cavale, surtout quand un de ses "lieutenants", Sarchia, arrêté, se met à parler et à le citer comme organisateur et même déclencheur du dispositif meurtrier posé sur les canalisations tout au long de la rue. De fait, Salvo Riccobono et ses hommes n'ont plus qu'une idée en tête : arrêter Sauro. Y parviendront-ils? Rien n'est moins sûr et tout reste possible. Car s'ils sont de suite soutenu par leur commissaire en titre et le questeur, ils ont face à eux la police secrète qui entend bien, elle aussi, procéder à cette arrestation et redorer ainsi le blason de l'Etat.
J'ai lu ce roman d'une traite. D'une part parce que le suspense ménagé par Piergiorgio Di Cara, la construction du récit en constituent le meilleur atout. Et d'autre part parce que ce roman nous offre une belle connaissance de Palerme et de sa région et, en même temps, des mécanismes et rouages de la Mafia, cette fameuse Cosa Nostra.
A nous lecteurs, les descriptions des rues, des quartiers de Palerme, de ses alentours,. Tel un guide touristique, on suit l'inspecteur Riccobono dans ses sorties, professionnelles et personnelles. Car, quand même, cet homme de 37 ans, resté célibataire à la suite de sa rupture avec Elle, jamais nommée mais toujours présente dans ses pensées, Salvo Riccobono a une vie privée, des amis qu'il fréquente assez régulièrement. Il a aussi des habitudes, notamment lors du trajet qui le ramène chez lui, en dehors de Palerme, quand il a fini sa journée de travail. A nous, alors, avec lui, les recettes typiquement siciliennes, et les blagues de potache qui le distraient quelques instants de son but. Cet univers typiquement masculin, plutôt dur, montre ainsi ses failles, ses tourments, ses troubles, ses émois et ses émotions. Et face à l'horreur de ce qui est commis au nom de la Cosa Nostra, le défi, la lutte, le combat de Salvo et de ses hommes deviennent aussi les nôtres et, forcément, l'empathie ressentie prend de l'ampleur et nous attache sincèrement, et nous retient inévitablement.