Mousseline la sérieuse
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Hier soir, j'avais prévu d'aller à la librairie Passerelles à Vienne (38) où l'auteur de ce premier roman, Sylvie Yvert, était accueillie pour une rencontre (que j'imagine belle) avec ses lecteurs. Mes obligations professionnelles ont fait que cela n'a pas pu se faire mais, comme j'avais lu ce livre juste avant, je partage aujourd'hui mon ressenti (comme j'avais aussi prévu de le faire!!!)
"Mousseline la sérieuse", c'est le surnom que son oncle, le comte d'Artois, donne à Marie-Thérèse Charlotte de France, duchesse d'Angoulême, fille de Louis XVI, dès sa petite enfance, pour son caractère d'emblée sage et sérieux. Surnom que reprend à son compte et avec affection sa mère, la reine Marie-Antoinette.
Le livre commence à Venise où Marie-Thérèse vit ses derniers mois et revient sur ce que fut sa vie de Madame Royale, tous les événements qui l'ont remplie plus souvent dans le malheur et qui lui ont fait apprécié davantage, de fait, les quelques joies ou moments heureux qui l'ont égayée.
Ainsi de la naissance de Marie-Thérèse Mousseline à ses derniers jours, c'est toute une page d'Histoire, de notre Histoire de France que nous livre Sylvie Yvert dans ce premier roman sensible et bouleversant paru aux éditions Héloïse d'Ormesson. Mais ce n'est pas qu'une leçon d'Histoire! Car, sous la plume de Sylvie Yvert, Marie-Thérèse prend vie, vibre, bouge, ressent, tremble, pleure et nous touche, nous émeut. Forcément. Comment, en effet rester insensible, aux drames successifs et d'un nombre impressionnant, que cette petite fille, jeune fille, jeune femme, femme va connaitre, va éprouver tout au long de sa vie, de sa naissance le 19 décembre 1778 jusqu'à sa mort en cette année 1850 à l'âge de 73 ans.
Les décès de son petit frère Louis-Joseph et de sa petite sœur Sophie, la Révolution de 1789, l'emprisonnement au Temple, les décapitations successives de ses parents, la mort de son second petit frère, le dauphin Louis-Charles, l'exil, les années napoléoniennes, les retours en France liés aux vaines tentatives de nouvelles monarchies, puis le dernier départ pour la Vénétie. Autant de drames, autant d'atrocités qui font vraiment beaucoup pour une seule et même personne. Sans compter qu'à cela s'ajoutent, dès son enfance, l'éducation à la Cour, son protocole, sa rigidité, ses comportements auxquels elle doit dès ses premières années se plier et adopter. Puis les commentaires qu'elles subit de part et d'autre, le mépris, la haine bien souvent qu'elle suscite. Tout ceci pèse énormément dans ce récit et nous fait d'autant plus entrer en complète empathie avec cette femme, Marie-Thérèse.
Avec une écriture à la fois sobre et élégante (y compris dans les pires moments), Sylvie Yvert nous offre un récit des plus complet, à la fois très, voire hyper, documenté et circonstancié, qui fait cependant qu'on n'a jamais l'impression de lire une biographie, mais au contraire d'être bel et bien dans un roman. Malgré les dates, malgré les faits, malgré l'Histoire. On reste dans le récit d'une femme, dans ses mots, ses émotions, ses épreuves, son parcours, et c'est, me semble-t-il, tout ce qui fait la force de ce premier roman et sa grande qualité littéraire.
Non retenu dans la sélection des 68 premières fois, ce roman me permet cependant de participer à nouveau au Défi Premier roman de Daniel.