De ce pas
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Décidément les 68 Premières fois regorgent de pépites et nous offrent de merveilleux moments de lecture! Que leur initiatrice l'Insatiable Charlotte et ses co-organisatrices Nicole et Eglantine en soient ici chaleureusement remerciées!
"De ce pas", c'est d'abord et avant tout un pas de danse, un pas de deux. Celui, ce pas de danse, qu'a effectué durant quelques années Tin, la petite et jeune Cambodgienne arrivée en France en de dramatiques instants. Ce pas de danse qu'elle a dû abandonner, trop tôt, bien trop tôt, parce que son corps, trop sollicité, ne répondait plus et menaçait même de la lâcher. Ce pas enfin, ce pas de deux, qu'elle continue de mener avec Paul, photographe, son compagnon et père de leur fille unique. Cette enfant qu'elle regarde grandir maintenant qu'elle ne danse plus, maintenant qu'elle est devenue Marjorie depuis qu'elle a acquis sa nationalité française, maintenant qu'elle ne vit plus, ou presque plus, portée seulement par les bavardages de la petite.
Ce roman, c'est aussi un constat, le bilan d'une vie, un tournant. Des questions que se pose Marjorie, à présent qu'elle a laissé Tin derrière elle. La réflexion qu'elle mène avec elle-même, avec Paul, lui aussi confronté à de vieux démons familiaux qu'il va bien devoir affronter un jour ou l'autre sous peine de se laisser absorber définitivement.
Ce roman, c'est aussi un silence. Silence des mots qu'on n'ose pas dire. Silence des mots qu'on garde pour soi. Silence des mots qu'on ne dit pas. Silence coupé et rempli seulement par les bavardages joyeux d'abord, puis perplexes et interrogateurs, de la fillette, tels des pépiements d'oiseaux qu'on entend mais qu'on n'écoute pas vraiment. Ils sont là, en bruit de fond, ils nous accompagnent. Mais on n'y fait pas vraiment attention, jusqu'à ce qu'ils cessent et qu'on se laisse surprendre par leur absence soudaine, par ce nouveau silence. Définitif à présent. Sauf si...
Ce roman m'a littéralement envoûtée. Je n'ai pas pu le fermer et même après en avoir terminé la lecture, il était là. Il est toujours là. Avec sa force. Avec sa puissance. Avec ses mots.
Car ce roman, c'est aussi un message d'espoir. Un message qui nous dit qu'il faut toujours regarder devant, devant soi, que si des portes se ferment, d'autres s'ouvrent.
Et c'est beau. Tout simplement.
Avec cette nouvelle lecture des 68, ce premier roman de Caroline Broué paru chez Sabine Wespieser Editeur, je participe également au Défi Premier roman de Daniel. Et j'en suis heureuse.