Casa Rossa
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Décidément j'enchaîne les sagas en ce moment. Après "La maison du Cap" et avant celui qui dévore mes nuits ces jours-ci, j'ai lu "Casa Rossa" de Francesca Marciano, paru chez Belfond en 2003, collection Les Etrangères, et chez Pocket en 2005, pour le challenge Il Viaggio d'Eimelle et son thème du mois portant sur l'Italie du Sud.
C'est dans le talon de la botte italienne en effet que se déroule essentiellement cette fresque familiale et historique. C'est là que se situe cette "Casa Rossa" (Maison Rouge) au milieu des oliveraies à proximité de Lecce. Quand commence le récit, cette superbe bâtisse, imaginée et conçue dans les années 1920, sur les instructions de son propriétaire initial, le peintre Lorenzo Strada pour son épouse française, Renée, vient d'être mise en vente. Mais, pour que cela puisse effectivement se faire, Alina et sa sœur, les petites-filles de Lorenzo et Renée, doivent débarrasser la maison de ses meubles et autres objets, œuvres qui la remplissent. Dure tâche pour les jeunes héritières, surtout qu'Alina se retrouve très vite seule à gérer ce déménagement. N'ayant jamais compris l'attachement quasi viscéral qu'Alina porte à cette maison, synonyme pour elle de tout ce qui a détruit leur mère, Alba, fille unique de Renée et Lorenzo, sa sœur l'abandonne à ses souvenirs et à toutes ces questions qu'elle se pose également. Aussi, la lettre qu'Alina trouve presque par hasard tombe-t-elle à point nommé pour l'aider à comprendre l'histoire d'amour brisée de Lorenzo et Renée, leur séparation, la solitude dans laquelle s'est repliée Alba, et ce poids, ce silence qui a imprégné les existences d'Alina et de sa sœur depuis leur naissance.
Sans offrir de franche explication, cette lettre apporte quand même certains éclaircissements sur le drame qui a conduit à la séparation de Renée et Lorenzo. Récit qui, conjugué aux propres souvenirs d'Alina, va lui permettre de remonter les décennies et de retracer peu ou prou l'histoire de sa famille, inclue dans celle de l'Italie. Des années d'avant-guerre, de la montée du fascisme à la chute de Mussolini en 1943, des années de plomb qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale et de la crainte des actes terroristes qui les ont accompagnés jusqu'à la légèreté de la période dite de la "dolce vita", c'est toute l'Histoire de l'Italie du XXe siècle qui se dévoile ainsi à travers les destins tragiques de Renée, Lorenzo et Alba.
J'ai emprunté ce roman à ma médiathèque La Passerelle sur une impulsion, le fait qu'il se déroule en Italie du Sud y étant pour beaucoup. Puis sa pagination (quelque 412 pages quand même!) m'a fait reculer. Mais comme je suis quelqu'un d'assez obstinée et que je ne voulais pas m'avouer vaincue d'avance, je me suis un peu forcée à commencer à le lire, me disant que, si je n'accrochais pas, il serait toujours temps de le rapporter. Mais c'était compter sans le talent d'écriture de Francesca Marciano qui, de suite, a su retenir mon attention et me passionner pour cette quête d'Alina d'abord, puis très vite pour ses propres questionnements qui sont devenus les miens et ma curiosité à comprendre et, peut-être même davantage, à découvrir de ce point de vue romancé l'Histoire de l'Italie qui m'intéresse aussi beaucoup.
Certes "Casa Rossa" reste du domaine du roman. Certaines situations évoquées méritent certainement des approfondissements, des vérifications. Mais il nous offre un bel aperçu de cette Histoire italienne et sa qualité littéraire est indéniable.