Nos mères

Publié le par Martine

Nos mères

Dans le cadre du Mois belge organisé par Anne et Mina, nous devions lire un roman d'Antoine Wauters "Césarine de nuit". Je n'ai pas trouvé cet ouvrage en médiathèque et, souhaitant cependant découvrir cet auteur dont je n'avais encore jamais rien lu, j'ai emprunté celui-ci "Nos mères" paru en 2014 aux éditions Verdier

Alors, je ne sais pas comment fait cette maison d'éditions, mais c'est le troisième titre que je lis, édité par ses soins, et c'est encore une très belle découverte.

Une écriture singulière qui nous prend au cœur, nous enveloppe, nous expose et nous protège tour à tour. Et nous ouvre les portes d'un monde inconnu avec une grande sensibilité et d'une manière très délicate et poétique.

Le narrateur est un enfant, Jean, un petit garçon qui vit avec sa mère dans une maison perchée sur une colline dans un pays en guerre que l'on devine assez proche du Proche-Orient même si son nom n'est jamais cité. Le père est décédé, tué dans cette guerre qui n'en finit pas. Et la mère n'a qu'une idée en tête : protéger son fils du mieux qu'elle le peut en le tenant caché dans le grenier où l'enfant a alors tout loisirs de laisser vagabonder son imagination. Une trêve, brève comme le sont les trêves, survient permettant à Jean et à sa mère de se retrouver, de se redire leur amour réciproque, de s'en persuader, de ne pas l'oublier quand la guerre reprend de plus belle.

Deuxième partie. On retrouve Jean dans un nouveau pays, une nouvelle vie qui s'ouvre à lui auprès d'une femme, Sophie, qu'il doit apprendre à connaître et à considérer comme sa mère, la deuxième. Commence ainsi un difficile apprentissage pour Jean et Sophie. Le premier parce qu'il doit vivre en faisant abstraction de son passé si présent en lui, si proche et en même temps si lointain. La seconde parce qu'elle porte en elle une blessure indéfinissable, un mal d'enfant, une attente d'enfant dont elle ne peut pas vraiment guérir même en en imposant le poids sur Jean malgré elle et en voulant assurer de son mieux ce nouveau statut de mère.

Cette lecture m'a profondément émue. Sûrement parce que je suis mère. Mais aussi parce qu'elle m'a permis de toucher du doigt une douleur sourde que je ne peux absolument pas imaginer, moi qui ai connu le bonheur de donner la vie. Ces mères, la vraie et Sophie, portent en elles la maternité à son maximum. Et c'est beau, c'est magnifique. Leurs parcours bouleversent. Et en même temps, il y a Jean, cet enfant contraint de grandir trop vite, partagé, obligé de choisir alors qu'il ne le peut pas. Une déchirure irréparable et surtout inguérissable.

Des mots, des émotions qui restent...

Nos mères
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M
Un auteur que je n'ai pas encore découvert, mais tu me rappelles que je l'avais noté avec cet article et cette émotion que tu nous transmets.
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M
Je ne peux que t'encourager à découvrir cet auteur, avec ce roman si possible! Merci Mina!
N
un livre qui ne doit pas être facile à lire...
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M
Non. En fait il se lit très bien. L'émotion nous prend mais l'écriture nous protège. Merci Nicole! Bises et bonne journée à toi!
A
Beau billet sur un premier roman qui m'avait beaucoup touchée aussi (c'est mon premier billet du premier mois belge que nous faisions, Mina et moi). Il a d'ailleurs obtenu le Prix Première, largement mérité.
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M
Merci beaucoup, Anne, pour cette heureuse découverte et cette bouleversante lecture. Je ne savais pas qu'e ce roman avait été primé mais tu as raison, c'est amplement mérité! Bon dimanche!