Le jardin des anges
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Il est des livres qui ont le don de chambouler la meilleure des organisations. Alors que mon planning de publications hebdomadaires était bien décidé, j'ai lu hier le dernier roman d'Alysa Morgon "Le jardin des anges" paru aux éditions Lucien Souny et l'envie irrépressible d'en parler, de partager les émotions que cette lecture m'a procurées s'est imposée!
Au milieu de la Méditerranée, il est une île, l'île du Gouverneur, à l'étrange forme de croissant, aride et montagneuse. C'est là tout au Nord, dans le village si justement nommé "Port d'Enfer" que vivent misérablement, en ce milieu de XIXe siècle, Jeanne-Louise et sa famille, sa mère Magdeleine, son frère aîné Florimond, ainsi que sa sœur et ses deux autres frères plus jeunes, depuis que le père a disparu en mer. Pour échapper à cette vie de misère que lui réserve son avenir, Jeanne-Louise a décidé de prendre le voile et d'entrer au couvent de Sainte-Marie situé tout au Sud de l'île, tout près de la ville côtière de Port-la-Blanche. Et c'est là qu'elle part ce jour-là, avec frère Honorat, disant adieu à sa famille et aux villageois qu'elle sait ne jamais revoir.
Commence alors pour la jeune fille un voyage étrange, long et épuisant au cours duquel elle va faire deux rencontres déterminantes avec Elisabeth la muette, et sa famille, et avec Guillaume, un homme d'un certain âge, arrivé au terme de son existence terrestre et à qui elle va offrir un dernier réconfort tandis que frère Honorat lui apporte sa bénédiction.
Subjuguée par les paysages enchanteurs de l'île, Jeanne-Louise ressent alors de façon brutale les effets de sa décision irrévocable en découvrant le couvent Sainte-Marie et l'austérité qui y règne. Mais elle doit à présent respecter son engagement. Et le temps passe rythmé de prières et d'abnégation, des mois, une année, deux, trois... jusqu'au jour où les fameux et redoutés brigands des mers accostent et pillent, violent, tuent, détruisent, brûlent Port-la-Blanche contraignant les religieuses à fuir dans la montagne...
Alysa Morgon m'avait prévenue. Ce roman était différent de ceux qu'elle a pour habitude d'écrire aux doux parfums de sa Provence aimée. Aussi c'est avec un peu d'inquiétude et beaucoup de curiosité que j'ai commencé ma lecture de ce "Jardin des anges" pour ne plus fermer ce roman tant que je n'avais pas tourné la dernière page.
Effectivement ce roman est différent. Effectivement son sujet ne figure pas dans mes thèmes de lecture de prédilection. Effectivement Alysa Morgon est sortie de ce qu'on appelle en scrap sa "zone de confort" et, par voie de fait, moi aussi! Et avec quel bonheur! Car s'il est quelque chose que l'auteur possède, c'est bien ce don de nous conter une histoire, sa force d'écriture, son talent faisant le reste pour nous charmer, nous subjuguer, nous envoûter.
L'impression que l'auteur nous prend par la main, s'installe à côté de son lecteur pour lui confier cette histoire est omniprésente. Les émotions nous envahissent peu à peu. La beauté sauvage de l'île, ses descriptions "comme si on y était", le destin de Jeanne-Louise, les émotions que l'on partage avec elle nous saisissent et nous bouleversent. Plus rien n'a d'importance que ce parcours incroyable, cette course effrénée, ce chemin emprunté pour atteindre ce "Jardin des anges" si longtemps espéré. J'ai apprécié chaque teneur de ce récit, chaque moment, chaque rebondissement. Avec Jeanne-Louise, j'ai craint, j'ai tremblé, j'ai détesté aussi, je me suis sentie comme emportée dans un univers totalement inconnu mais confiante par la présence proche et rassurante de l'auteur, que l'on sent bienveillante envers ses personnages certes mais, plus fort que tout, envers ses lecteurs aussi. Comme une enveloppe protectrice. Pour nous montrer la rudesse et le tragique de la vie tout en nous glissant à l'oreille : c'est l'histoire...
Je partageais jeudi une ÂmeGraphique sur la magie du papier. Coïncidence ou pas, je ne sais, mais ce dont je suis sûre, c'est qu'ici la magie des mots, la beauté du style opère et nous comble.
Merci Alysa Morgon. Vous êtes une véritable magicienne et vous avez enchanté mon dimanche!