L'horizon de Blanche
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Ce premier roman de Maryline Martin, cela fait un moment, des mois, que je tourne autour, que j'ai très envie de le lire. Je le prenais, bien décidée à l'ouvrir. Et puis ... finalement je le reposais, ne me sentant pas "prête" pour cette lecture. Jusqu'à ces derniers jours.
Est-ce l'effet "68 premières fois" et ce dans quoi je me suis engagée avec? Est-ce parce que mon fils, Romain, est allé à Verdun le week-end dernier préparer le Centenaire de la bataille de 1916 qui sera célébré fin mai? Je ne sais pas mais toujours est-il que j'ai commencé cette lecture en fin de semaine et que je n'ai pas réussi à la lâcher, et que je reste toute imprégnée du destin de cette femme étonnante et remarquable, Blanche.
En cet été 1914, Blanche vit tant bien que mal au côté de son mari, Numance, jaloux, bien que s'autorisant toute infidélité, toujours prêt à s'emporter, à chercher querelle pour laisser s'exprimer la rage qui l'habite. Aussi c'est presque avec soulagement, bien qu'inquiète également, que la jeune femme accueille la mobilisation de Numance comme tant d'autres appelés à combattre. Une vie nouvelle commence alors pour Blanche, désormais seule et trouvant réconfort auprès de sa meilleure amie, Marguerite. Avec elle, elle assiste à ses premières réunions encourageant les femmes à prendre leur indépendance, à se prendre en mains véritablement. Emballée par ces idées féministes, Blanche y adhère d'autant plus qu'elle n'a pas à s'en justifier auprès de Numance.
C'est dans cet état d'esprit, un peu frondeur, un peu libéré, qu'elle rencontre Louis, un jeune médecin charmant, bel homme, sûr de sa vocation et de son engagement envers les plus faibles, ceux qui souffrent. Avec lui, Blanche découvre une autre vision de la vie, une nouvelle perception. Louis est généreux, il sait l'encourager, la rassurer. Tout ce que Numance n'est pas et ne sera sans doute jamais. Aussi c'est presque sans hésitation que la jeune femme accepte de s'engager elle aussi dans le premier conflit mondial et de se mettre au service de la France en intégrant, comme infirmière, l'Union des Femmes de France. Une nouvelle perspective, un nouvel objectif, un nouvel avenir, un nouvel horizon s'ouvre pour Blanche.
Paru aux éditions Glyphe, tout comme son recueil de nouvelles "Les dames du chemin" que j'avais déjà beaucoup apprécié, ce premier roman de Maryline Martin est une vraie réussite. J'y ai retrouvé avec grand bonheur le style incisif, net et franc de l'auteur, sa façon singulière de rythmer son récit sans jamais nous fatiguer ou nous lasser. Avec un talent indéniable, Maryline Martin joue avec nos émotions, nous en offre de nouvelles, nous étonne, nous inquiète, nous rassure. Ce qu'on avait déjà plus ou moins deviné, cette force tranquille, cette maîtrise de l'écriture, avec "Les dames du chemin" se révèle pleinement dans le roman.
L'histoire de Blanche, on la connait. On l'a apprise dans nos cours d'Histoire au lycée. Mais là, Maryline Martin lui donne vie. Avec elle, on s'en prend plein la face (pour ne pas dire plus). Rien ne lui (nous) est épargné et c'est comme si on vivait, on partageait le récit d'une amie. Tout est authentique, vérifié. Rien n'est laissé au hasard. Ce que nous décrit l'auteur s'est réellement passé. Ce que vit Blanche, des femmes, de nombreuses femmes, l'ont vécu aussi.
C'est sans doute pourquoi Blanche va rester longtemps dans mon cœur, présente à mon esprit comme tant d'autres "héroïnes" de romans lus il y a peu ou plus longtemps, et qui me montrent le chemin, qui restent pour moi un modèle. Et c'est en cela que, à mes yeux, dans mon cœur, ce roman est une merveilleuse réussite!
... et me permet une nouvelle participation au Défi Premier roman chez Daniel.