Jeu de miroirs

Publié le par Martine

Jeu de miroirs

Quel bonheur de retrouver mon cher commissaire Salvo Montalbano dans cette nouvelle enquête parue chez Fleuve Noir sous la plume plus que jamais alerte d'Andrea Camilleri!

Toujours confronté à ses démons intimes (sa peur de vieillir notamment), Montalbano doit faire avec les délits, incendies, trafics en tous genres, fusillades et autres joyeusetés qui rythment la vie de son commissariat au gré des deux principales familles mafieuses oeuvrant à Vigata, les Sinagra et les Cuffaro. Là où ça commence à devenir intéressant, c'est quand une bombe explose devant un magasin vide et inexploité depuis un certain temps. Est-ce une erreur? Est-ce pour effrayer volontairement un habitant de la même rue? Notre commissaire n'a pas vraiment le temps de s'interroger parce que, quasiment au même moment, il est amené à rendre service à sa trop belle voisine, Liliana Lombardo, dont la voiture vient d'être endommagée volontairement. Vivant seule, son mari représentant exclusif d'une grande marque d'ordinateurs et matériel informatique pour la Sicile étant très (trop) souvent en déplacement, Liliana n'a de cesse que de solliciter notre commissaire pour ses moindres déplacements et de l'inviter ensuite chez elle pour le remercier. Lequel bien sûr ne peut qu'accepter, à ses risques et périls. Car découvrant très vite que la belle Liliana a un amant en la personne du jeune Arturo Tallarita, fils d'un trafiquant de drogue en prison prêt à collaborer avec la police et à mettre à mal les familles mafieuses locales, Montalbano ne peut éviter certaines situations compromettantes initiées par Liliana pour que personne, à Vigata, n'ait de doute sur leur relation. Il pourrait peut-être s'en accommoder si le nom de Carlo Nicotra ne résonnait pas aussi souvent à ses oreilles. L'honneur et la réputation du commissaire sont en jeu, mais, très vite aussi, sa responsabilité professionnelle et même... sa vie tout court!

Comme à chaque fois quand je lis une enquête de Montalbano, je souris souvent, quand je n'éclate pas carrément de rire! Car, malgré le sérieux de l'enquête, les scénarios dramatiques qui en découlent, c'est tout un joyeux monde qu'Andrea Camilleri nous invite à côtoyer.

Le commissaire d'abord. Bougon, craignant de vieillir trop vite, ayant sans cesse besoin de se rassurer sur sa capacité à séduire encore, sa relation avec Livia, son éternelle fiancée résidant trop loin de lui à Gênes. Mais aussi sa grande sagacité, son énergie déployée pour résoudre ses enquêtes, son intuition, sa connaissance de l'île et de sa région de Vigata, sa confiance inébranlable en ses coéquipiers. Et bien sûr la délicatesse, le respect qu'il voue à la gente féminine (et d'autant plus si elle est belle) et plus que tout à la nourriture! Ahhh!!! les fameuses arancini d'Adelina, les canolli et toutes ces recettes de pâtes typiquement siciliennes. Je ne m'en lasse pas.

Et puis son entourage: le vice-commissaire Mimi Augello, séducteur invétéré, toujours un peu à côté de la plaque mais indispensable pour mener à terme la plus délicate des enquêtes. L'inspecteur Giuseppe Fazio, indispensable (et véritable) bras-droit de Montalbano au courant de tout et sur tout le monde, dont le seul défaut en fait est celui d'avoir le "vice de l'état-civil" comme le lui reproche sans cesse le commissaire.

Et le meilleur (à mon avis) l'inénarrable Catarella, entièrement dévoué à Montalbano, doué en informatique mais incapable de retenir correctement une identité (créant ainsi des situations confuses à souhait et des scènes débordantes d'humour), et cependant toujours prêt à rendre service, à se plier en quatre, à offrir sa vie à son commissaire "dottore".

C'est eux, ensemble, qui font la vie de ce commissariat de Vigata. Eux et ceux qui les entourent le vice-questeur, le médecin légiste, les journalistes (le bon Nicolo Zito et le piètre Ragonese). Eux tous dont Andrea Camilleri nous dresse le portrait avec une finesse psychologique implacable en les faisant évoluer et les confrontant à des situations dont l'humour n'est jamais très loin et surtout d'une logique imparable.

Bien que hors thème pour ce mois d'avril, cette lecture compte quand même pour le challenge Il Viaggio d'Eimelle.

Jeu de miroirs
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M
Je viens de découvrir l'auteur avec 'le tailleur gris" pas emballé mais en même temps ce n'est pas un polar !
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M
De mon côté j'ai pratiquement lu tous les "Montalbano"!!! Il fait un carton en Italie, ce commissaire!!! Par contre je n'ai pas encore lu tout ce que Camilleri a écrit (dont ce "Tailleur gris"!) Il est très prolifique! Merci Marika et bon mercredi!