Liquidations à la grecque
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Première lecture commune et première participation à L'année grecque proposée par Laurence et Cryssilda autour de la littérature grecque. Je ne connais ni ce beau pays ancré dans l'Histoire et la mythologie, ni sa littérature et je vis ce nouveau challenge dans un esprit de grande découverte.
Pour ce premier rendez-vous commun, Laurence et Cryssilda nous ont invités à lire un roman de Petros Markaris. Double effet "kiss cool" pour moi puisque, après avoir assisté à la soirée spéciale "cuisine dans le polar méditerranéen" présentée par Corinne pour l'association 813 à la librairie Un p'tit noir à Lyon en fin d'année dernière, j'avais très envie de découvrir cet auteur, son commissaire Kostas Charitos et notamment sa trilogie dont "Liquidations à la grecque" constitue le premier volet.
Nous sommes donc à Athènes à la fin des années 2000. Le commissaire Charitos, la cinquantaine, et son épouse Adriani marient leur fille unique Katérina à Phanis, médecin en milieu hospitalier. Pour ce faire, le commissaire a non seulement dû changer de voiture, la sienne étant, aux yeux d'Adriani, trop ancienne pour conduire sa fille à l'autel. Mais il a dû également revoir sérieusement sa liste d'invités à la réception nuptiale sous peine de mettre en péril la situation financière de sa famille. Nous sommes en Grèce et la terrible crise économique subie par ce pays commence à faire de sérieux ravages.
C'est aussi à la fin de cette soirée de mariage que le commissaire Charitos est appelé sur le meurtre du banquier Zissimopoulos, décapité à l'épée dans le jardin de sa riche propriété. Crime signé par la lettre D déposée sous le corps de la victime.
Alors que son collègue (et rival) Stathakos semble persuadé que ce meurtre est l'oeuvre de terroristes, Charitos s'emploie à démontrer qu'il n'en est rien. Et cela d'autant plus qu'un second banquier, anglais, Robinson est assassiné de la même manière, décapité à l'épée. Puis un autre encore. Tous ces crimes signés par cette énigmatique lettre D. Et quand des tracts incitant la population à ne plus rembourser les emprunts effectués auprès des banques hellènes commencent à se répandre dans Athènes, l'affaire prend des proportions que Guikas, le supérieur de notre commissaire, voudrait bien enrayer au plus vite, ne serait-ce qu'en demandant à Charitos d'enquêter dans le plus grand secret!...
Heureuse découverte pour moi que cette première lecture! Outre le fait de rencontrer un commissaire très sympathique, bougon à souhaits, doté d'une famille suffisamment originale et présente pour l'adopter immédiatement, il y a aussi dans ce roman tous les ingrédients réunis pour capter l'attention et la retenir... jusqu'à la fin, assez noire et malheureusement des plus plausible.
La difficulté au début pour moi cependant fut de m'habituer à tous ces noms en -os, que ce soit ceux des personnages, mais aussi les noms des rues, des quartiers, surtout quand ces noms contiennent plusieurs syllabes. Mais, je vous rassure, j'ai franchi cet obstacle au bout d'une centaine de pages et ma lecture s'en est rouvée facilitée.
Ce que je retiens surtout de ce roman, c'est la crise, omniprésente, qui imprègne cette histoire tout au long de ses quelques 320 pages. Certes, comme tout le monde, je suis au courant de la situation économique de la Grèce. Mais ce récit nous la fait toucher directement du doigt. Il nous plonge dans le désarroi des gens, leur impuissance, leurs désaccords (notamment à travers les incessantes manifestations d'opposition), leurs drames vécus au quotidien. Et forcément, cela nous pousse à réfléchir.
Une très belle découverte pour moi que ce "Liquidations à la grecque" qui m'incite à présent à lire la suite de cette trilogie "Le justicier d'Athènes" et "Pain, éducation et liberté", tous parus chez Seuil.