Une girafe un peu toquée
Tout commence ce jour où la narratrice, qu'on imagine aussitôt petite fille, décide de ne plus marcher que sur les dalles blanches du couloir d'entrée de la maison sans frôler une seule noire, comme à la marelle, parce que sinon... Puis le lendemain c'est sur le bord extrême du trottoir qu'elle doit marcher. Comme ça, son frère vivra jusqu'à 100 ans! Ensuite c'est les petits pois et les carottes dans son assiette qu'elle compte pour... Et ses lettres qu'elle doit former de telle façon dans son cahier afin de... Et puis... Et puis... Tous les jours, elle s'impose une contrainte supplémentaire. "Pourquoi fais-tu ça?" s'inquiète Maman. Mais elle ne sait pas, elle, si ce n'est qu'elle est obligée de le faire, que ça prend de plus en plus de place dans sa tête, de plus en plus de temps dans sa vie, que ça l'étouffe même... Heureusement, Maman est là, l'écoute et elles vont parler, parler, parler pour que la petite fille parvienne à penser à autre chose, à s'aérer l'esprit, à s'alléger et retrouver des idées et des envies de petite fille. Comme cette girafe qu'elle attend à présent...
Encore une belle découverte rendue possible par Stéphie avec son coup de projecteur sur les éditions Motus cette semaine. Ce petit livre à la couverture noire, aux illustrations très graphiques, c'est Séverine Vidal qui l'a écrit pour y parler des tocs, ces empêcheurs de vivre bien qui nous envahissent la tête à nous adultes mais aussi aux enfants. Et je peux vous assurer qu'il m'a émue aux larmes. Tout est dit avec une telle simplicité, une telle évidence qu'on en reste confondu. Et c'est très bien comme ça. Car ce texte permet de poser des mots sur des maux qui demeurent cachés et qui nous empoisonnent la vie. Un texte magnifique et encore une superbe découverte!