Venir au monde
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Samedi dernier 26 septembre, j'ai assisté à la rencontre des Passerelles du Samedi à ma médiathèque La Passerelle sur le thème de cinéma et littérature. Voyant que j'empruntais un roman de Margaret Mazzantini "Ecoute-moi" pour mon mois italien, Julia, bibliothécaire, m'a conseillé de prendre également celui-ci "Venir au monde", paru chez Robert Laffont collection Pavillons, ainsi que le film qui en a été adapté au cinéma. Le DVD étant déjà sorti, je n'ai pu l'emprunter que mercredi et j'ai donc commencé par lire cette magnifique histoire dimanche dernier avant d'en apprécier hier après-midi l'adaptation de Sergio Castellito, très fidèle et magnifiquement interprétée par Pénélope Cruz et Emile Hirsch. Cette histoire, c'est à la fois une histoire d'amour et une histoire de vie. En 1984, Gemma, jeune étudiante italienne, se rend en Yougoslavie pour rédiger sa thèse sur ce pays et Sarajevo. Là elle rencontre Gojko qui se propose de lui faire visiter son pays et de lui présenter ses amis. Parmi eux, Diego, photographe amateur qui rêve de vivre de sa passion. Entre Gemma et Diego, le coup de foudre est immédiat. Mais Gemma est déjà fiancé à Rome où elle doit repartir se marier. Irrésistiblement attirée par Diego, la jeune femme divorce très vite et retourne en Yougoslavie. Là-bas les deux jeunes gens laissent libre cours à leur passion, se marient et, dans la prolongation logique de leur amour et d'eux, décident d'avoir un enfant. Un fils qu'ils appelleront Pietro. Mais l'enfant tarde à venir et le couple doit se rendre à l'évidence, Gemma est stérile à 97 % et à moins d'un miracle... Et même s'ils vivent à présent en Italie, pays de tous les possibles, le miracle ne se produit pas. Et, pire encore, l'adoption vers laquelle ils aspiraient leur est refusée, au prétexte que le travail de Diego n'en est pas vraiment un et, de plus, il est étranger. Le couple repart donc à Sarajevo. Mais la guerre civile éclate. L'hôpital dans lequel Aska, jeune musicienne, fan de Nirvana et de Kurt Cobain, allait leur prêter son ventre pour porter leur enfant, est bombardé le jour où l'insémination devait avoir lieu. Aska et Diego vont-ils finalement faire cet enfant physiquement? Gemma supportera-t-elle cette situation? Le couple parviendra-t-il à continuer à s'aimer dans ces conditions? Il faut croire que oui, puisque dès le début du roman et du film, on sait que Pietro est né. Il a 18 ans en cette année 2011 et sa mère, Gemma, l'emmène en Bosnie à Sarajevo pour qu'il connaisse enfin la ville où il est né. De Diego, nulle trace. On apprend juste que Gemma est mariée avec un officier et que la famille vit toujours à Rome. J'ai littéralement dévoré ce roman dimanche dernier. Dès les premières pages je me suis laissée happer par le style, le rythme, en constants allers-retours entre présent et passé, la poésie, le drame qui se joue, cet amour fou passionné qui se heurte à l'impossibilité de donner la vie, l'horreur qui se devine, qui se comprend peu à peu et qui nous interroge : jusqu'où peut-on aller pour devenir mère? Que peut-on accepter? ou refuser, rejeter? Vaste question. Vaste problème. Vaste sujet. Auquel Margaret Mazzantini ne répond pas mais nous offre en partage sa magnifique et bouleversante version.