J'ai vécu mille ans

Publié le par Martine

J'ai vécu mille ans

Une très belle découverte pour moi que ce roman de Mariolina Venezia paru chez Robert-Laffont dans la collection Pavillons en 2008. Ce roman, une saga en fait, ne couvre pas mille ans, comme son titre peut le laisser entendre, mais un peu plus d'un siècle puisqu'il court de la moitié du 19e à presque la fin du 20e.

Cette histoire, c'est Gioia qui nous la raconte, qui nous la confie. Avec ses anecdotes, ses épreuves, son parler vrai, son parler franc. Difficile là encore de vous en faire un résumé. Car Gioia s'attache à nous livrer la vie de sa famille depuis plus de cent ans, à travers la voix des femmes qui l'ont vécue. Depuis son arrière grand-mère, maîtresse de Don Francesco à qui elle n'offre que des filles et qui finira par l'épouser le jour où elle mettra au monde un garçon! En passant par sa grand-mère, ses grands-tantes, sa propre mère puis elle.

Toutes vivent des destins non pas incroyables, mais ancrés dans cette partie de l'extrême sud de l'Italie, le Basilicate coincé entre le talon et la pointe de la botte. Ces femmes installées dans le fameux village de Grottole vont y connaître la misère, la pauvreté, l'abondance et la richesse parfois, mais si peu. Elles vont aussi y éprouver des sentiments tels que l'amour, mais aussi la jalousie, l'envie, l'égoïsme, ou encore la fierté. Au fil de toutes ces années, elles vont également traverser les deux guerres mondiales, verser des larmes, perdre des hommes, maris, amants, fils ou frères, pour lesquels, curieusement, elles éprouveront beaucoup plus de chagrin que lorsque la mort viendra faucher leurs proches au féminin, mères, soeurs ou filles.

Le mâle mis en avant, face auquel les femmes sont bien peu de choses, insignifiantes, et dont pourtant ils ont bien besoin pour tenir la maison et faire bouillir la marmite.

Pour tout vous dire, je n'avais aucune idée de où se situait cette région italienne jusqu'à ce que Cathy, bibliothécaire au courant de mon mois italien, me propose de lire cet auteur. Et je l'en remercie. Car cette lecture s'avère savoureuse pour son atmosphère, sa langue, son patois, ses descriptions géographiques, l'ambiance qu'elle nous restitue, les coutumes qu'elle nous enseigne et cette abnégation, ce courage, cette façon de rester en retrait alors qu'en fait ce sont bien ces femmes, l'une après l'autre, ou l'une en même temps que l'autre, chacune dans son foyer, qui tient le premier rôle.

J'ai aimé tout ça et bien plus encore. Les prénoms typiques du sud de l'Italie (j'ai un peu les mêmes dans ma belle-famille!!!), les recettes de cuisine, les préparations culinaires connues que là-bas, et cette sécheresse, cette chaleur plombante, et la misère, omniprésente...

Un portrait vivant et vibrant de cette Italie du Sud!

J'ai vécu mille ans
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F
Je ne connais pas du tout. Il a l'air intéressant, encore un que je note !
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M
Il est passionnant, oui! Merci Florence!
M
J'avais aussi bien aimé. Je vais voir ce que j'en avais écrit.
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M
Je vois que nous partageons le même enthousiasme!!!